Procès Bemba, un temoin sur les évènements à Damara

Le procès de Jean-Pierre Bemba se poursuit devant la Cour pénale internationale. Depuis une semaine, l’essentiel du procès du sénateur congolais se déroule en réalité à huis clos. Le témoin 209 dépose sous pseudonyme. Mais il y a de rares passages en séance publique.

Le témoin, cité par l’agence Hirondelle, a expliqué au cours d’une des rares séances publiques, que les rebelles du général Bozize se sont d’abord emparés de plusieurs villages, dont celui de Damara (75km au nord-ouest de Bangui), fin octobre 2002. Pour le témoin, les rebelles ont saccagé et pillé les biens du gouvernement, mais « ils n’ont pas touché les femmes des autres hommes ».

Le témoin a expliqué que « les soldats de Bozizé, à Damara, courtisaient les femmes. Il y a une différence entre une femme qui est violée et une femme qui a un rapport consenti, a-t-il ajouté. Personnellement, je n’ai pas entendu dire que les soldats de Bozizé ont violé des femmes. »

Les rebelles du général centrafricain auraient aussi pillé la sous-préfecture, la mairie, et un bureau de la gendarmerie, avant d’être chassés par les miliciens du Mouvement pour la Libération du Congo, le 7 décembre 2002. Ce jour- là, le témoin a fui chez sa belle famille. « Pendant ces événements, c’était le sauve-qui-peut. Je ne savais même pas où étaient mes enfants » a-t-il raconté.

Il a aussi expliqué que lors de l’attaque du MLC, le 7 décembre, plusieurs habitants de Damara sont restés sur place. « Il y avait des personnes qui profitaient de la situation » a-t-il déclaré. « Quelques personnes étaient restées, voulant profiter de la présence des banyamulenge pour piller. Mais ce sont ces personnes qui ensuite ont été tuées ou violées par les banyamulenge. Ils étaient les maîtres du terrain du 7 décembre jusqu’au mois de février. Ils ont investi les maisons, ils ont pillé. Ils ont entreposé toutes ces choses pillées dans leur base. Ils volaient les biens de valeur. »

Jean-Pierre Bemba, il faut le rappeler, est accusé de crimes contre l’humanité pour viols, meurtres et pillages commis par ses hommes en Centrafrique, en 2002 et 2003. A l’époque, le chef de l’Etat centrafricain, Ange-Félix Patassé, avait demandé le soutien du MLC, dirigé par Jean-Pierre Bemba, pour combattre la rébellion du général François Bozize. Ce dernier s’était finalement emparé du pouvoir le 15 mars 2003.