La Centrafrique était la base arrière du MLC, selon un témoin

La Centrafrique était la base arrière du MLC, selon un témoin

Le procès de Jean-Pierre Bemba a repris, mardi 23 août 2011, devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI) avec l’audition du 26ème témoin du procureur appelé depuis l’ouverture du procès, le 22 novembre 2010.

L’Agence Hirondelle qui assure une large couverture du procès rapporte que la voix du témoin a été déformée et son visage brouillé sur les écrans de la Cour. Le témoin bénéficie ainsi de mesures de protection demandées par le procureur et acceptées par les juges.

Selon l’agence, le témoin est visiblement au fait des questions militaires, et qu’il avait des liens avec des responsables du Mouvement pour la libération du Congo lors des événements, « vers la fin 2002 »

Il a raconté à la barre que « deux bataillons ont traversé la rivière Oubangui et sont entrés en Centrafrique. Ils étaient venus à la rescousse du président Patassé quand son régime était menacé . Le MLC se ravitaillait en République Centrafricaine, donc ils ne voulaient pas voir la chute de Patassé, cela ne les aurait pas arrangés ». Pour le témoin, « la République Centrafricaine était leur base arrière».

Interrogé par le substitut du procureur, Jean-Jacques Badibanga, le témoin a précisé que « du carburant, des munitions venaient de la République Centrafricaine » et que « Jean-Pierre Bemba ne voulait pas voir la chute de Patassé. Cela aurait eu des répercussions sur son mouvement, de l’autre côté », en République démocratique du Congo.

« Comment saviez-vous cela ? » a demandé le substitut, M. Badibanga. « J’avais des amis au sein du Mouvement pour la libération du Congo, ce sont eux qui m’informaient. » A la tête du commandement, le témoin identifie « Moustapha Mukiza », qu’il a rencontré à plusieurs reprises. « De temps en temps, j’étais avec Moustapha Mukiza, lorsqu’il était à Bangui et une fois, il a envoyé quelqu’un me chercher à la maison pour que j’aille lui rendre visite à Damara », a expliqué le témoin, visiblement à l’aise face aux juges.

Le témoin a ensuite identifié les représentants du MLC, présents à Bangui durant la guerre. « Il y avait un représentant qui s’appelait Atandele Soge, il est actuellement déput . Ce dernier s’occupait de la logistique du MLC.  Il s’occupait du carburant, il y avait aussi des Antonov qui venaient à Bangui, ils venaient prendre des histoires à Bangu .  Des histoires ? » interroge le procureur. « Je n’étais pas à l’aéroport, alors je ne sais pas. Mais cela partait aussi par voie d’eau. Il y avait du carburant, des rations militaires, des rations privées pour les chefs du MLC ».

La suite de l’audience a été une succession de bribes de phrases, entrecoupées de passage à huis clos. Depuis son ouverture, le 22 novembre 2010, le procès de Jean-Pierre Bemba n’est, pour l’essentiel, pas public.

Jean-Pierre Bemba a été arrêté le 24 mai 2008 dans une banlieue de Bruxelles, en Belgique, puis transféré à la prison de Scheveningen le 3 juillet 2008. Le sénateur congolais est accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003. Il avait envoyé ses troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) soutenir le président centrafricain d’alors, Ange-Félix Patassé, menacé par une rébellion.