Procès Bemba : témoignage d’une victime par vidéo-conférence

Le procès de Jean-Pierre Bemba a repris lundi 25 juin pour quelques jours devant la Cour pénale internationale (CPI) avec l’audition de trois victimes autorisées à « présenter leurs vues et préoccupations ».

Selon l’Agence Hirondelle, ces victimes ne sont pas considérées comme des témoins. Elles ne prêtent pas serment, leurs dépositions ne sont pas enregistrées comme preuves, et elles ne sont donc pas contre-interrogées par la défense ou le procureur. Un juriste de la Cour  a expliqué : « ces auditions relèvent plus du travail d’une organisation de défense des droits de l’homme que de celui d’un tribunal ».

Une victime a ainsi commencé à témoigner lundi par vidéo-conférence depuis Bangui. Elle a raconté l’arrivée des « Banyamulenge » à Bossangoa, où elle résidait. Les habitants ont fui mais la victime est restée avec sa mère, « gravement malade », et sa fille de 5 ans. Elle a raconté avoir été violée par les miliciens.

Après 90 minutes d’audience, l’avocat de Jean-Pierre Bemba, maître Aimé Kilolo s’est manifesté. « La défense est très inquiète de la façon dont cela se déroule », a-t-il déclaré, estimant que la victime « incrimine les troupes du MLC », le Mouvement pour la libération du Congo, présidé par Jean-Pierre Bemba. « La défense n’a pas le droit de dire quoi que ce soit », et « cela semble contraire au Statut de Rome », a-t-il reproché. La procureure, Petra Knauer, a à son tour estimé que le récit de la victime était de même nature qu’un témoignage et que la procédure en réparation, prévue après la fin du procès en première instance, était plus appropriée pour ce type d’audition.

Maître Marie-Edith Douzima-Lawson, avocate des victimes, a pour sa part rappelé que ces auditions relevaient d’une décision de la chambre. La présidente, Sylvia Steiner, a donné droit à l’avocate, expliquant que ces dépositions « représentent la reconnaissance, par cette chambre, du droit des victimes à être entendues. »

Jean-Pierre Bemba est poursuivi pour crimes contre l’humanité commis en Centrafrique en 2002 et 2003. Son procès a débuté le 22 novembre 2010. Les avocats du sénateur congolais appelleront leurs témoins à partir du 14 août.