Centrafrique : cimenterie de Nzila, une pure tromperie des politiques ?©RNL/Stéphane José Flémalé
Vue d'une partie du site de la cimenterie de Nzila dans la commune de Bimbo

Centrafrique : cimenterie de Nzila, une pure tromperie des politiques ?

Les travaux de construction de la cimenterie de Nzila sont bloqués depuis plus de 8 ans. L’arrêt est dû à la crise sécuritaire qui a éclaté en 2013. Située à environ 12 kilomètres au Sud de Bangui sur la route nationale n°6, cette usine est en ruine. Alors que de nombreux Centrafricains s’interrogent sur la reprise des travaux, une révélation faite durant le dialogue républicain choque le pays.

A première vue, le site de la cimenterie de Nzila est totalement en ruine. Des hautes herbes envahissent les lieux, les murs de la concession sont, à partie, détériorés. A l’intérieur des bâtisses, on aperçoit des carcasses d’engins dépiécés et rouillés. L’endroit est calme. Seuls les oiseaux et rongeurs en font leur refuge. Selon plusieurs riverains, les travaux de construction de cette usine, abandonnée il y a plus de 8 ans, profitaient à plusieurs jeunes du secteur. Car ceux-ci gagnaient honnêtement leur vie à travers les travaux manuels.

« Au début, les travaux avançaient très bien. Mais après la crise, tout a été détruit.Une bonne partie de la clôture commence à tomber. La concession est malsaine et les herbes envahissent les lieux. De temps en temps, nous venons ici pour désherber. Les gens ont détruit beaucoup de choses ici. Avec ce blocage des travaux, plusieurs jeunes sont au chômage » a fait savoir Moïse, un conducteur de mototaxi, voisin du site des travaux.

Préoccupées par cette construction inachevée, les autorités locales de Bimbo pointent du doigt l’incivisme de certains de leurs concitoyens.

« Cette affaire nous préoccupe beaucoup. Parce que si l’usine était opérationnelle, elle aiderait la population à construire facilement les maisons. Malheureusement, les crises récurrentes ont affecté les travaux. Et comme il n’y a personne pour veiller sur les lieux, les gens viennent de partout pour voler les matériels » a déploré Louis-Marie Africain Makpayen, chef du quartier Nzila.

Peut-on croire un jour à la reprise des travaux ? A en croire la ministre du Commerce, plusieurs options sont sur la table du gouvernement.

C’est des investissements perdus. Des engins et machines installés mais qui, malheureusement, ont été détruits et emportés. Nous sommes toujours dans le plaidoyer, à la recherche d’autres investisseurs. Puisque la plupart des repreneurs qui se présentent, trouvent qu’il est trop petit ou préfèrent un site loin de la capitale. Mais, nous continuons à rechercher » a déploré Léa Mboua Doumta, ministre du Commerce.

D’après les « fins connaisseurs » de ce dossier, le site de Nzila n’est pas une cimenterie comme on peut le penser. Une véritable fourberie, selon les autorités de l’époque.

« Cette histoire de cimenterie n’est qu’une illusion. On n’a jamais fait une prospection. On n’a jamais attribué un permis d’exploitation du ciment. C’était juste un petit financement pour la construction de ces bâtiments. Ce n’est pas une cimenterie mais une usine d’emballage de ciment importé du Cameroun et de l’Inde » a révélé Fidèle Gouandjika, ancien ministre de François Bozizé et un des connaisseurs du dossier.

Sous le règne de l’ancien président François Bozizé, les autorités centrafricaines avaient obtenu de l’Inde à titre de prêt, plus de 32 milliards de francs CFA. L’argent devrait servir à la construction d’une cimenterie et à la mise en place d’une société de transports urbains. Cependant, la cimenterie n’a jamais vu le jour. La société de transport, elle, est tombée en faillite quelques mois seulement après sa création. A ce jour, aucune enquête judiciaire n’est ouverte pour faire la lumière sur ce prêt et sa gestion.

 

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