Centrafrique: 61 ans après l’indépendance, l’éducation patine encore©Marc Ellison / Fondation Hirondelle
Des élèves filles dans une école de Bangui, 2017

Centrafrique: 61 ans après l’indépendance, l’éducation patine encore

L’éducation en Centrafrique a encore des défis, 61 ans après l’indépendance. Ses défis sont multiples et ne sont pas sans conséquences sur la vision du développement du pays.

L’accession à l’indépendance de la République Centrafricaine était faite sur une note d’espoir. Des enseignants talentueux et méritant ont offert au pays des cadres dans plusieurs domaines. Mais depuis plusieurs années, le secteur éducatif a encore d’énormes défis. Ils sont multiples et ne sont pas sans conséquences sur la vision du développement national.

A partir de 1990, au bénéfice du programme d’ajustement structurel, plusieurs de ces cadres qui ont fait la fierté du système éducatif ont choisi le départ volontaire assisté (DVA) avec toutes ses conséquences.

Les années blanches de 1991-1993 ont planté la machine éducative. A cela s’ajoute l’insécurité née des mutineries, coups d’état et multiples rebellions ayant contribué à la déliquescence dudit secteur. Résultats, l’éducation est au rabais et les centrafricains sont de moins en moins compétitifs sur le marché de l’emploi par rapport aux Etats ayant un système éducatif stable.

Pour illustrer ces maux qui plombent le système, c’est par exemple le phénomène « maitre-parent » devenu normal dans les écoles. Le déséquilibre dans la formation et l’intégration des enseignants par filière ainsi que la précarité de leur situation sociale les obligent à opter pour d’autres métiers.

En dépit de ce déclin, il y a eu quelques initiatives pour sauver l’éducation

Les gouvernements successifs ont mis en œuvre plusieurs initiatives visant à redorer le blason du secteur éducatif. Il y a eu par exemple les Etats généraux de l’éducation, une légère augmentation du budget de l’éducation passant de 8 à 11%, la construction des infrastructures scolaires à Bangui et en régions. Cependant, tous ces efforts, parfois plombés par les crises sécuritaires, n’ont pas encore permis de rattraper l’écart.

La Banque Mondiale estime qu’il faudrait 12.000 enseignants en Centrafrique pour atteindre le ratio normal. Or, 61 ans après l’indépendance, le ratio est encore déplorable. Selon les récents chiffres officiels, le pays dispose d’au moins 200 élèves pour un enseignant qualifié.

L’unique université de Bangui construite pour environ 5 mille étudiants en compte aujourd’hui plus de 25 mille. Le financement des recherches pose problème. Peu d’enseignants sont reconnus par le CAMES en dehors de quelques-uns de la faculté des Sciences (Médecine, Maths-Physique et Sciences économiques).

L’éducation en Centrafrique est à l’image des crises récurrentes dans lesquelles le pays est plongé. De nombreux partenaires internationaux et bilatéraux appellent la République centrafricaine à investir davantage dans son système éducatif pour obtenir un capital humain susceptible de tenir le navire.