Areva suspend ses activités en RCA pour 2 ans (officiel)

« Nous avons pris la décision d’interrompre temporairement le développement du projet minier de Bakouma pour une durée allant de 1 à 2 ans. Suite à l’accident de Fukushima, on a enregistré une baisse du cours de l’uranium dans le monde. Des projets de centrale nucléaire ont été abandonnés et entraîné une baisse de nos activité ». Jean-François Millian, directeur général de Areva en Centrafrique était l’invité de la matinale de Radio Ndeke Luka ce lundi 31 octobre 2011. Il a tenu à fournir les éclaircissements nécessaires et à faire taire les rumeurs selon lesquelles, Areva avait décidé de quitter la RCA et de ne revenir qu’en 2033.

Le suspense est ainsi levé ! Areva ne plie finalement pas bagages. Elle demande seulement un délai. Il s’agit d’une interruption circonstancielle, pas d’un départ. C’est promis elle reviendra en République Centrafricaine quand la situation mondiale de l’uranium sera meilleure.

La décision de cette suspension momentanée des travaux de mise en exploitation du gisement d’uranium de Bakouma fait suite à l’accident nucléaire de Fukushima au Japon qui a impacté le cours de l’uranium au niveau mondial.

Toutefois, Areva Centrafrique promet de reprendre l’exploitation une fois que les conditions de marché se seront améliorées. 2033 est juste la date de l’expiration du permis d’exploitation de Bakouma.

Il y a une semaine, les rumeurs les folles ont couru à Bangui et à Bakouma. Toutes évoquaient la fermeture du chantier de Areva à Bakouma, le départ des agents expatriés. Les populations de Bakouma ont les leurs vivant à Bangui. Ces derniers ont improvisé une manifestation devant les bureaux de la Société dans la capitale. El l’absence de toute réaction officielle, même du côté des autorités, la rumeur a enflé.

Il a fallu attendre plusieurs jours pour que  Areva Centrafrique réagisse à la plainte week-end dernier des ressortissants de Haut Mbomou (extrême-est) exigeant une assistance sanitaire liée aux effets de la radioactivité avant tout retrait. Il y a eu aussi le mécontentement des jeunes réunis au sein du Conseil National de la Jeunesse. Ils avaient demandé au gouvernement de revoir les clauses du contrat avec la Société.

Au sujet des inquiétudes liées à une éventuelle priorité de Areva accordée au Niger, Jean-François Millian explique qu’ « on n’a pas de priorité au Niger. On a 2 mines qui sont en activité depuis très longtemps et toujours en exploitation. On a intérêt à exploiter le projet minier de Bakouma le plus vite possible. On y a injecté beaucoup d’argent depuis 2008, plus de 70 milliards de francs CFA. Environ 300 000 000 de francs CFA ont été alloués dans les actions sociétales dans cette région : la construction des routes, d’un centre polyvalent, la dotation des écoles en matériels didactiques, l’alphabétisation des adultes ».

Areva avait-elle démarré l’exploitation de Bakouma ? A cette question le Directeur général fait remarquer que « nous sommes en phase de pré-développement durant les 4 années écoulées. On a fait des sondages qui nous ont permis d’augmenter de façon importante les ressources identifiées sur le projet de Bakouma. On est passé de 18 000 tonnes à 32 000 et sans doute au-delà suite aux études réalisées. L’injection de 70 milliards essentiellement dans les sondages a permis à la Société de comprendre la géométrie des zones minéralisées. Une étape franchie grâce aux travaux de 15 géologues dont la plupart centrafricains ».

Jean-François Millian répond aussi sur la préoccupation des habitants de Haut Mbomou au sujet de leur santé menacée par des radiations. D’après lui, « il n y a pas de risque de ces effets, car il s’agit de la phase de recherches et non de développement minier, ce qui amoindrit le risque de radioactivité ».

A titre de rappel, le président centrafricain François Bozizé avait lancé le 17 octobre 2006 l’exploitation du gisement d’uranium de Bakouma par la société sud- africaine UraMin.

Areva avait ensuite racheté ces droits à la société canadienne en juillet 2007, un accord que le gouvernement de Bangui avait alors jugé « irrégulier et au mépris des droits et intérêts du peuple centrafricain ». Le leader nucléaire français avait finalement signé, le vendredi 1er août 2008 à Bangui, l’accord avec le gouvernement centrafricain pour l’exploitation du gisement.