RCA : Des domaines administratifs en voie de disparition©RNL / Stéphane Andjioyo
Un bâtiment de la Tour d'Uzès vendu au Libanais El Akhras, le 9 juillet 2018

RCA : Des domaines administratifs en voie de disparition

La question se pose en urgence pour les hautes autorités nationales ! Les édifices de l’Etat sont en voie de disparition sur le territoire national. Le phénomène a duré et est loin de connaître une fin. Il remonte à après la chute de l’Empereur Jean Bedel Bokassa en 1979 où un laisser-aller politique s’est installé jusqu’alors.  

La plupart des bâtiments publics et espaces verts sont bradés à des opérateurs économiques étrangers ou à certains dignitaires centrafricains. La disparition du « Domaine Administratif » est orchestrée par les dignitaires des différents régimes qui se sont succédés à la tête de l’Etat. Dans une totale opacité, des fleurons ont été bradés, des biens immobiliers liquidés au profit de dignitaires et également au profit des étrangers notamment des Libanais.

Dans la capitale centrafricaine, plusieurs centaines d’édifices, espaces verts et espaces libres d’intérêt public ont été illégalement acquis par des Libanais et certaines personnalités de la République. A titre d’exemple, la « Cité STA » derrière l’ambassade des Etats Unis a été récupérée par l’ancien Président Michel Djotodia Am Nondroko, et l’ancien Premier ministre Mahamat Kamoun. Le 1er bloc de quatre appartements leur revient de droit suivant l’arrêté 028/13 du 22 juillet 2013. « SOS Santé » à côté du commissariat du 1er arrondissement a été vendu au Libanais Ali Akhras à 35 millions de francs Cfa par arrêté 094 du 27 juillet 2014. L’ancienne base-vie des Chinois située derrière le Complexe Sportif Barthélémy Boganda  est vendu à un autre libanais, Bitar Wissam à 60 millions de francs Cfa sous l’arrêté 002 du 19 mai 2014.

Un autre cas de vente est celui de la résidence du Préfet de l’Ombella-M’Poko à Bimbo. L’ancienne base des Chinois, devenue magasin de construction de l’hôpital Domitien à Bimbo, a été liquidée au Britannique Richard Mwanzé. Elle est devenue l’actuel siège de l’ONG BEAFRIKA. Les locaux de l’Office de réglementation de la commercialisation et du contrôle de conditionnement des produits agricoles (ORCCPA), en face de l’Energie centrafricaine (ENERCA), est bradé à un ancien ministre à hauteur de 4 millions et demi de francs Cfa.  

Les espaces verts longeant la rive de l’Oubangui ont été morcelés et monnayés aux anciens ministres Nicaise Karnou-Samedi et Dobélé. La Maison des Coopérants, entre le Lycée français et l’UNFPA, est vendue à 5 millions de francs Cfa au Professeur Alfred Gaudeuille. Sous le règne de l’ancien Chef de l’Etat François Bozizé, des portions de la Tour d’Uzès ont été fractionnées et vendues à des particuliers qui, à leur tour, les ont revendues au Libanais El Akhras. Le musée des femmes situé derrière le bar dancing La verdure dans le 4e arrondissement, a été bradée à une dame.

Ces ventes illicites n’ont pas épargnées les villes des provinces. A Berberati dans la Mambéré Kadéï, un bâtiment administratif  immatriculé B 6-7 et 8 au Camp des Fonctionnaires a été acheté par l’ancien ministre Joseph Agbo. A Bambari chef lieu de la Ouaka, un logement administratif est récupéré par l’ancien ministre Jacques Démanga Kamoun.  

Selon une source proche de l’actuel gouvernement, la Cité des Mines, les 36 et 200 villas, la Cité Kolongo ainsi que les 92 logements seraient déjà repartis entre certains proches du Président Faustin Archange Touadéra. La même source précise que l’espace vert, à proximité de la base de pompage de la Société de distribution d’eau en Centrafrique (SODECA) serait aussi accaparé par certaines autorités du pouvoir.

La plupart des immeubles à Bangui n’existe que de nom. Partout, on ne parle qu’en termes de « Maisons des enfants Bokassa, Kolingba, Patassé ou Bozizé »… A ce jour, ni la municipalité ni le ministère de l’Habitat n’ose intervenir pour arrêter l’hémorragie.