Centrafrique: La flambée des prix des denrées alimentaires inquiète les consommateurs©Diapora
Des commerçants au marché du PK5 à Bangui, mars 2020

Centrafrique: La flambée des prix des denrées alimentaires inquiète les consommateurs

Depuis l’annonce des mesures supplémentaires de restrictions ordonnées par le président de la République, Faustin Archange Touadéra le 26 mars 2020, presque tous les prix des produits de première nécessité connaissent une augmentation. Certains produits ont vu leurs prix doublé pendant que d’autres sont quasi invisibles sur le marché. Cette situation inquiète les consommateurs qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts.

La pandémie du Covid-19, déclarée le 14 mars 2020 en République centrafricaine, a poussé le gouvernement à prendre certaines mesures pour freiner la propagation du virus. Après la confirmation des cinq premiers cas par le ministère de la Santé, les autorités du pays ont annoncé à la fin du mois de mars, des mesures supplémentaires. Ces restrictions concernent l’interdiction des regroupements au delà de 15 personnes, la fermeture temporaire de l’aéroport Bangui-Mpoko, des lieux de culte, bars dancing et débits de boissons, l’interdiction totale de sortir de son lieu de quarantaine, pour les patients et suspects mis en isolement, sauf décision médicale, l’obligation d’isolement pour les cas confirmés, la prorogation de la période de quarantaine et de confinement de 14 à 21, la limitation des cérémonies de deuils, de mariages ou dot à la stricte intimité familiale, la restriction des mouvements des populations entre Bangui et l’intérieur du pays.

Cependant, malgré la volonté des autorités à veiller sur la libre circulation des marchandises, les prix des produits sur les marchés de Bangui, connaissent une hausse considérable. Dans presque tous les marchés de la capitale, le constat est le même. Du marché de Bimbo, Pétévo, Combattant en passant par le centre-ville, les prix de la plupart des produits de première nécessité ont doublé voire triplé. Ce phénomène concerne, les produits tels que l’huile, le savon, la farine de blé, le riz et bien d’autres. Les vendeurs détaillants accusent les grossistes d’être à l’origine de cette flambée de prix.

« Je vends du café avec des beignets. Auparavant, nous achetions un bidon d’huile à 22 500 ou 23 000 francs. Hier subitement, je l’ai payé à 28 000 francs. En plus, il m’a été rapporté par les grossistes que dans 2 jours, le sac de la farine de blé passera à 30 000 francs » affirme une vendeuse au marché Bimbo.

Au cours des investigations faites par Radio Ndeke Luka, d’autres aliments à l’exemple des produits surgelés connaissent également une hausse au niveau de leurs prix. Situation dénoncée par les détaillants qui pointent du doigt les grossistes.

« Je vends des produits congelés tels que le poulet. Les pattes sont à 500 Fcfa le tas et les différents morceaux sont à 1000 francs. Sauf que les Libanais ont augmenté les prix. Un carton de dos de poulet qui se vendait à 10500 Fcfa est passé à 13 000 francs. Nous avons ajouté quelque chose sur les prix  pour avoir un petit bénéfice » explique un vendeur de volailles.  

Certains commerçants justifient cette hausse par la fermeture des frontières camerounaises alors que cette décision ne concerne pas le transport de marchandises. A cela s’ajoute la rareté des produits locaux. Il est difficile pour certains de s’alimenter en manioc, produit local qui ne connait pas les circuits d’importation.

« Hier soir, nous avions peiné pour avoir la farine de manioc. La cuvette est passé de 3000 à 4500 voir 5000 francs, » ajoute Parfait Grezowé habitant le quartier Bimbo.

Pointés du doigt par les détaillants, les grossistes se réservent de tout commentaire. Cependant le ministre de l’Economie met en garde contre cette pratique. Il rassure par ailleurs que ces mesures ne concernent pas la circulation des marchandises.

« Lorsqu’on a annoncé la fermeture des frontières, automatiquement on a vu une poussée inflationniste. On trouve que ce n’est pas cohérent dès lors que les stocks sont de cours. On ne peut pas jouer sur ça pour créer d’autres problèmes sociaux à la population. Nous avons tous convenu qu’au niveau de chaque pays, des mesures doivent être prises, » a martelé Félix Moloua, ministre de l’Economie et du Plan.