Centrafrique : les rackets sur les axes routiers persistent malgré les multiples dénonciations©Droits réservés
Un camion de transport passant le poste de péage du Pk26 sur la route nationale n°2 Pk

Centrafrique : les rackets sur les axes routiers persistent malgré les multiples dénonciations

Malgré des mises en garde et mesures disciplinaires à l’endroit de certains éléments de la force publique, les rackets persistent sur les barrières. Sur les axes Bangui-Boali et Bangui-Damara, la situation est similaire. Conducteurs et usagers déplorent les tracasseries dont ils sont victimes quotidiennement. Ces derniers appellent le gouvernement à prendre des mesures qu’il faut.

En quittant la gare routière de Pk12 à la sortie Nord de Bangui, après 14 kilomètres de trajet, Radio Ndeke Luka arrive au poste de contrôle de la légion de gendarmerie mobile. Sur la barrière, deux éléments procèdent à la collecte des fonds. Un peu en retrait, quatre motocyclettes sont immobilisées parce que, les conducteurs n’ont pas d’argent pour payer les « formalités ». Les discussions entre les passagers et les agents de l’Etat sont intenses. Assis sous un hangar en paille, le chef de ces agents suit de près les disputes. Pour ces conducteurs, les formalités sont abusives sur cet axe.

« Ici, c’est leur loi qui est dictée »

« Lorsqu’on prend deux (2) passagers au Pk 12, arriver sur cette sur barrière, ils nous demandent toujours de payer 2000 francs. En plus, nous devons donner 500 francs aux éléments de la garde présidentielle qui ont aussi leur check-point sur l’axe. Lorsque nous n’en avons pas, ils ne nous comprennent pas. Si nous insistons, ils nous retirent la clé de la moto. Ici, c’est leur loi qui est dictée. C’est une situation qui nous pénalise » déplore un conducteur de mototaxi.

Cette situation ne pénalise pas que les transporteurs. Elle touche également les petits marchands, qui ne savent à quel saint se vouer.

« C’est eux qui tirent profits de nos affaires » 

« Je veux aller acheter 20 sacs de charbon. Cependant, je dois obligatoirement payer 250 francs sur chaque sac. Même sur les fagots, on paye les formalités. On est fatigués sur cet axe du fait des tracasseries sur les barrières. C’est vraiment compliqué. On ne sait vraiment quoi faire. C’est eux qui tirent profit de nos affaires » déplore une commerçante.

Sur l’axe Damara, la situation est identique. Selon les usagers, il faut au moins débourser une somme de 2.500 francs quotidiennement pour pouvoir circuler librement.

« Au niveau du Pk 16, la légion mobile nous demande de payer 1.500 francs. Arrivé au niveau de Nguérengou, nous devons payer 500 francs. Même chose à l’entrée de Damara où nous devons leur donner 500 francs également. Et avec tout ça, ils nous obligent à ne transporter que deux personnes. C’en est trop » s’insurge un autre conducteur de mototaxi.

Sur certains postes, les agents de sécurité disposent même d’un panier dans lequel ils déposent leurs gains. La question que les Centrafricains se posent est de savoir, à qui profitent ces fonds collectés sur les barrières. Selon certaines indiscrétions, les agents qui tiennent ces barrières versent une bonne partie des fonds collectés à leurs chefs hiérarchiques afin que ceux-ci les maintiennent à leurs postes.

 

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