Centrafrique : situation problématique de la liberté de la presse malgré un bond dans le classement mondial©RBL/Brice Landry Ndangoui
Vue des équipements de la régie du studio A de Radio Ndeke Luka, 27 mars 2020

Centrafrique : situation problématique de la liberté de la presse malgré un bond dans le classement mondial

En ce jour de célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, et comme d’habitude depuis 20 ans, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a publié son classement mondial de la liberté de la presse. La République centrafricaine grimpe du 126ème rang au 101ème sur 180 pays. Toutefois, la situation de la liberté de la presse reste problématique dans le pays selon Reporters sans frontières. Sur le plan local, des journalistes continuent de réclamer de meilleures conditions de travail.

L’état de la liberté de la presse est devenu un peu plus inquiétante avec le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Selon RSF, 46 journalistes ont été tués durant l’année 2021. En République centrafricaine, même s’il n’y a aucun journaliste emprisonné cette année, la situation en matière de liberté de la presse reste problématique, selon Reporters sans frontières. Dans le 20ème classement mondial de la liberté de la presse, la République centrafricaine occupe le 101ème rang sur 180 pays au monde, avec le score de 56,96. Situation problématique, mais plutôt améliorée par rapport à l’année 2021, où le pays était à la 126ème position.

Le Centrafrique arrive devant les Iles Fidji, l’Albanie, le Tchad et après Madagascar, l’Angola et le Togo. Ce document sur la liberté de la presse place la Norvège au premier rang devant le Danemark et la Suède et met la Corée du Nord au dernier rang, 180ème, dans une situation très grave.

« Un pays qui peine à sortir de la guerre civile »

Concernant la République centrafricaine, « un pays qui peine à sortir de la guerre civile, selon RSF, les journalistes et médias continuent d’être pris en étau entre les groupes armés et les autorités dans un contexte de propagande et de désinformation… malgré leur délabrement en matière d’investissement et de moyens depuis des années, les médias publics restent influents et demeurent aux ordres de l’exécutif. »

En République centrafricaine, Reporters sans frontières dénonce aussi l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Pour l’organisation, lorsque des crimes sont commis contre des journalistes, l’impunité est totale et la listes des victimes ne cesse de s’allonger, faisant référence par exemple à la mort d’Elisabeth Blanche Olofio, de Désiré Luc Sayénga ou de René Padou, sans oublier des journalistes étrangers qui sont tués sur le sol centrafricain.

RSF s’inquiète aussi de l’économie des journalistes. : « la pauvreté et la guerre rendent le développement des médias difficile. Les journalistes centrafricains évoluent dans une très grande précarité. Les per diem remis par les organisateurs d’évènements constituent souvent la principale source financière des reporters… », a déploré l’organisation de défense des droits des journalistes.

« La fameuse subvention promise n’a jamais été versée »

La célébration de cette journée est une occasion pour les professionnels des médias, de réfléchir sur les questions relatives à la déontologie et l’éthique du métier, mais aussi de rappeler au gouvernement, la nécessité de respecter ses engagements en faveur de la liberté de la presse tout en apportant un soutien aux médias.

Même si le Haut conseil de la communication, l’organe régulateur des médias loue le professionnalisme de certains journalistes, il déplore néanmoins, les conditions dans lesquelles exercent ces derniers. « Le métier de journalisme ne permet pas dans notre pays, de faire vivre son homme. La précarité est totale et visible. Ce qui fait que les journalistes sont facilement manipulés par les politiques. La fameuse subvention promise par le gouvernement à la presse depuis 2 ans, n’a jamais été versée » déplore Vincent Namrona, rapporteur du Haut conseil de la Communication.

« Manque de volonté politique »

Face à ce qu’il qualifie de manque de volonté politique, l’organe régulateur appelle le gouvernement centrafricain à s’engager davantage pour soulager les souffrances des hommes de médias.

« J’invite le gouvernement centrafricain à faire quelque chose. Il est vrai qu’il y a une sérieuse tension de trésorerie, mais c’est une question de volonté politique. Si vraiment les politiques veulent à appuyer les journalistes dans l’exercice difficile de leur métier, je pense qu’ils peuvent le faire » martèle le rapporteur du Haut conseil de la Communication.

Malgré cette situation brossée par RSF, la République centrafricaine a fait des scores en progrès, notamment, plus de 51 en politique, 41 en économie, 68 en niveau de vie social et 62 en sécurité.

 

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