Centrafrique : la population exaspérée par la hausse « vertigineuse » des prix sur le marché©Droits réservés
Une vendeuse de poissons au marché central de Bangui

Centrafrique : la population exaspérée par la hausse « vertigineuse » des prix sur le marché

Les prix des denrées alimentaires, produits de première nécessité et matériaux de construction, continuent d’augmenter. La population se dit dépassée par cette inflation qui perdure, qui change les habitudes alimentaires et qui bloque les activités de construction.

C’est la quasi-totalité des produits de première nécessité et autres qui sont vertigineusement touchés par la hausse des prix sur le marché. Une situation intenable pour la plupart des ménages moyen dont le revenu est faible. Les denrées alimentaires, tels que sucre, farine, huile raffinée et huile de palme, augmentent régulièrement.

Difficile de manger à sa faim

De la part des consommateurs, les plaintes fusent de tous les côtés. Selon eux, il est aujourd’hui difficile de manger à sa faim avec cette hausse des prix.

« Avant, les prix étaient raisonnables mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Pour se rendre au marché, il faudra réfléchir longuement avant de prétendre payer quelque chose. Nous sommes obligés, face à l’inflation, de réduire nos consommations domestiques. C’est pénible », déplorent quelques-uns.

Devant l’augmentation des prix, les activités commerciales tournent au ralenti. Sandra, une vendeuse de bouillie dans le 7ème arrondissement, est obligée de réduire sa production.

« J’ai dû réduire ma production journalière en raison de la cherté du prix du sucre. Avant, j’achetais le sucre à 6000 francs et l’arachide à 4500 francs. Je suis tenue de payer la moitié pour espérer gagner quelques bénéfices. Mais c’est franchement difficile », témoigne Sandra.

Chaque commerçant augmente le prix à son niveau, selon son prix de revient. C’est ce qu’affirme Désiré, un commerçant au marché de Ouango.

« Le bidon d’huile vendu à 19 000 francs est passé aujourd’hui à 42 500 francs CFA. Du coup, nous sommes aussi contraints d’augmenter le prix mais les clients se plaignent à cause de leur revenu. Ce n’est pas de notre faute », justifie ce commerçant.

Des matériaux de construction aussi touchés

Interrogés par Radio Ndeke Luka, de nombreux Centrafricains se plaignent également de la hausse du prix des matériaux de construction. Surtout le prix du ciment qui varie de 13 à 16.000 francs CFA sur le marché.

Face à cette hausse des prix de divers articles, le ministère du commerce a convoqué, jeudi 12 mai, les importateurs. Ceux-ci ont évoqué plusieurs problèmes dans le ravitaillement du pays et espèrent que le gouvernement y trouvera des solutions.

« C’est la conséquence directe de la guerre russo-ukrainienne. L’économie mondiale a pris un coup et l’écoulement des produits sur le marché mondial a pris un coup. D’un autre côté, sur le plan local, l’insécurité dans certaines régions du pays empêchent les cultivateurs d’écouler facilement leurs produits agricoles sur la marché », relève Robert Ngoki, président de la Chambre de commerce.

Pour beaucoup de consommateurs, ce sont les commerçants qui profitent de l’occasion pour augmenter illégalement les prix sur le marché. L’action du ministère du commerce est toujours attendue pour régler ce problème.

Le Cameroun qualifie d’« injuste«  la hausse des prix

La mesure de suspension à l’importation de certains produits de consommation et de première nécessité du Cameroun vers les pays de la région ne concerne que les produits locaux. C’est ce qu’a indiqué Nicolas Nzoyoum, ambassadeur du Cameroun en République centrafricaine.

« Nous avons des dispositions au niveau de la CEMAC pour la libre-circulation des marchandises. Aucune marchandise ne souffre de restriction. Il n’y a aucune entrave. La mesure prise par le gouvernement camerounais ne concerne que les produits transformés localement surtout le ciment, la farine et autres », précise le diplomate en poste à Bangui.

Au début de ce mois de mai, les ministères des finances et du commerce centrafricains ont entrepris des démarches permettant de minimiser l’inflation sur les prix des marchandises. Cependant, sur les marchés locaux, le gouvernement peine à maîtriser la hausse des prix.

 

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