Bangui : à 72 ans, Frédéric Andjiliyo reste le cordonnier le plus apprécié de son quartier©RNL/Prudence Gisèle Euguet
Frédéric Andjiliyo, cordonnier au quartier Ed-ville dans le 5ème arrondissement de Bangui

Bangui : à 72 ans, Frédéric Andjiliyo reste le cordonnier le plus apprécié de son quartier

Parmi les milliers de petits métiers qui existent en République centrafricaine, Frédéric Andjiliyo a su se démarquer en cordonnerie grâce à son professionnalisme. Agé de 72 ans, le septuagénaire exerce ce métier depuis une cinquantaine d’années. C’est avec ce travail qu’il prend soin de sa famille. Radio Ndéké Luka s’est intéressée au quotidien de cet artisan hors pair.

A chacun son métier, a-t-on coutume de dire. Le bureau de Frédéric Andjiliyo se résume à son atelier de cordonnerie. Ce veuf, qui vit avec ses enfants et petits-enfants, ne se plaint pas malgré son âge avancé. Il adore son travail plus que toute autre chose.

« Je gagne ma vie grâce à ce métier« 

« J’avais commencé au temps du défunt président Bokassa. J’étais jeune et je n’avais pas cherché des ouvertures qui dépassent mes compétences. J’avais donc opté pour la cordonnerie qui me permet aujourd’hui de vivre dignement. Je suis veuf avec 11 enfants et 17 petits-enfants. Je gagne ma vie grâce à ce métier qui m’a même permis d’avoir un abri » témoigne fièrement Frédéric.

Un homme visionnaire et ambitieux

Etant adulte, Frédéric Andjiliyo n’a pas eu honte d’apprendre. Dans les années 1990, l’homme repart sur les bancs de l’école.

« C’était en 1994 que j’avais repris les cours du soir à l’école Koudoukou dans le 3e arrondissement de Bangui. J’avais eu mon CEPE et j’étais allé jusqu’en classe de 3ème. Ce qui m’a permis d’obtenir mon BC et de fréquenter le lycée technique de 1999 à 2002. Malgré un stage à l’Asecna, je n’avais pas pu décrocher un métier. C’est pourquoi, j’ai renoué avec la cordonnerie » explique le septuagénaire.

Etant le fruit des conseils de ses parents, le cordonnier demande aux jeunes d’aujourd’hui de ne pas opter pour la facilité.

« Je suis le fruit des conseils de mes grands-parents et de mes parents. Les enfants d’aujourd’hui ne suivent pas nos exemples. Ils pensent que s’ils pratiquent la cordonnerie par exemple, les jeunes filles vont se moquer d’eux. C’est pourquoi, ils ne veulent pas apprendre des métiers. Voilà leur défaut » regrette Fréderic.

Un artisan qui connaît très bien son métier

Frédéric Andjiliyo est très apprécié par les habitants de son quartier, Béatrice Bongo, une voisine, témoigne.

« Cet artisan connaît très bien son métier. S’il réfectionne une chaussure, celle-ci dure. C’est pourquoi, les gens parcourent des kilomètres pour solliciter son service. Il réfectionne les chaussures sur place ou bien donne des rendez à ses clients » témoigne Béatrice.

Pour Frédéric Andjiliyo, il ne suffit pas d’occuper de postes juteux dans la fonction publique pour mieux vivre. Même avec un métier comme le sien, l’on peut valablement bâtir sa vie.

 

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