Bangui: après des années de conflits, le vivre-ensemble reprend le dessus©Droits réservés
Une vue du marché de Km5 pendant les heures de pointe, où toutes les communautés se côtoient

Bangui: après des années de conflits, le vivre-ensemble reprend le dessus

La République centrafricaine, à l’instar des autres pays du monde entier, a célébré ce 21 septembre 2022, la 41ème édition de la journée internationale de la Paix. Après les multiples crises militaro-politiques qui ont secoué le pays, les différentes communautés ont appris à revivre ensemble. Radio Ndeke Luka s’est rendue dans certains quartiers de Bangui où la cohésion sociale a repris le dessus.

Au niveau du marché PK 5 dans le 3ème arrondissement de Bangui, la circulation est dense. Dans ce vaste lieu commercial, autrefois considéré comme une zone rouge, l’ambiance est désormais conviviale. Musulmans et chrétiens vendent ensemble. A l’intérieur du marché, Nadine, vendeuse de bananes plantains, a déjà passé plus de 10 ans dans son activité. Elle a pour voisines, des musulmanes.

« Nous sommes solidaires »

« Il n’y a pas de problèmes entre nous et nos frères musulmans. Nous sommes solidaires. C’est nous qui avons fait appel à nos paires vendeuses à revenir sur le marché. De temps en temps, nous nous retrouvons pour partager nos expériences en commerce » a fait savoir Nadine.

Après la réinstallation des commerçants dans le marché Kokoro, un comité de gestion est mis en place pour promouvoir la cohésion sociale. Aladji Mahamat Sallé, un des membres dudit comité, témoigne.

« Nous nous entendons très bien »

« Au début, ce n’était pas facile mais, par la grâce de Dieu, tout est redevenu normal. Nous nous entendons très bien. La preuve en est que je suis parmi mes frères chrétiens. Quand il y a un problème, nous le réglons de manière impartiale » a-t-il témoigné.

Aujourd’hui au quartier Boy-rabe dans le 4ème arrondissement, autrefois réputé d’être le fief des anti-balaka en 2014, chrétiens et musulmans vivent en symbiose. Les musulmans qui avaient fui, ont regagné le quartier. La mosquée Assane, qui avait été détruite en 2014, est reconstruite. Pour les responsables de la communauté musulmane, il y a une prise de conscience de part et d’autre.

« Les conflits religieux détruisent le pays »

« Nous vivons en parfaite harmonie avec nos voisins. Ils ont compris que chacun a sa religion et que les conflits religieux détruisent le pays. Même pendant l’inauguration de la mosquée, ils se sont mobilisés pour nous soutenir. Chacun d’eux a pris l’engagement de protéger ce lieu de culte » a précisé Younouss Oumar Sana, 4ème imam de la mosquée Assane de Boy-rabe.

L’Alliance des évangéliques en Centrafrique rappelle aussi, de son côté, qu’il n’y a jamais eu de crise religieuse entre chrétiens et musulmans dans le pays. Il évoque des manipulations politiques.

« Il n’y a jamais eu de problème entre chrétiens et musulmans en République centrafricaine. Nous l’avons toujours dit, c’est un problème importé par les politiques qui est venu perturber ces deux communautés. Dès lors que celles-ci ont compris la réalité, les tensions ont commencé à baisser très rapidement et cela se poursuit jusqu’à maintenant » a reconnu Rodon Clotaire Siribi, président de l’Alliance des évangéliques en Centrafrique.

Après les évènements militaro-politiques de 2013, la paix a été fragilisée en République centrafricaine. Mais, avec beaucoup de sensibilisation, la cohésion sociale et le vivre ensemble s’installent progressivement à nouveau.

 

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