Centrafrique: la viande de bœuf se fait rare sur le marché de Carnot©RNL/ Brice Landry Ndangoui
Des femmes devant une boucherie au marché central de Berberati, 2018

Centrafrique: la viande de bœuf se fait rare sur le marché de Carnot

A Carnot dans la Mambéré, la viande de bœuf, très prisée par la population, se fait rare ces derniers temps sur les marchés. Des consommateurs qui ne mangent plus à leur faim s’en plaignent.

La pénurie de la viande de bœuf, qui semblait être passagère, commence à s’enliser dans la ville de Carnot. Selon les bouchers, l’insécurité et le dysfonctionnement du parc municipal de la ville en sont les principales causes.

Sur le marché central de Carnot, alors que les légumes et bien d’autres articles sont abondants, plusieurs étals de bouchers sont vides. Les quelque tables garnies de carcasses de bœufs sont prises d’assaut par les clients. Après plusieurs minutes d’attente, Marina, une ménagère, vient d’acheter de la viande pour 2000 FCFA.

 «Obligée d’acheter »

« Il a juste mis de petits morceaux de viande sur un gros os. La quantité est insuffisante mais, je suis obligée d’en acheter. Je sais que les enfants vont seulement manger à midi. Le soir, si nous avons un peu d’argent, nous verrons comment trouver autre chose à manger. Sinon, c’est fini » se plaint Marina.

Viviane, une mère de famille est très remontée parce qu’elle n’arrive pas à s’approvisionner pendant deux jours.

« On me dit qu’il n’y a pas de viande »

« C’est depuis le matin que je n’arrive pas à m’approvisionner. Hier, les bouchers ont juste égorgé deux bœufs et cela ne suffisait pas. Aujourd’hui je reviens au marché et on me dit qu’il n’y a pas de viande de bœuf » raconte Viviane Sélebangue.

De leur côté, les bouchers évoquent deux raisons qui justifient, selon eux, cette rareté de la viande de bœuf sur le marché central de Carnot.

Insécurité et manque de parc

« Auparavant, il y avait un parc municipal à Carnot. Il permettait aux éleveurs de Bocaranga, Bozoum et de Paoua de vendre leur bétail ici. Mais ce parc n’existe plus. En plus, lorsqu’on se rend en brousse pour acheter des bœufs, on risque de tomber dans les mains des hommes armés » a expliqué Privat Youfeina, un des bouchers de Carnot.

Le chef de secteur d’élevage de Carnot-Gadzi promet d’appuyer la mairie de Carnot pour la construction d’un nouveau parc afin de soulager la peine des bouchers.

« Pour l’année 2023, je souhaite construire avec la municipalité, un parc au niveau du PK5. Les Forces armées centrafricaines et les Forces de sécurité intérieure qui sont là, peuvent veiller dessus. Ceux de Baoro, Urma, Baron à 25 kilomètres sur l’axe Gadzi, s’ils amènent des bovins au niveau du parc, ils vont payer des taxes à la municipalité et cela va ravitailler la ville de Carnot » a souhaité Salem Médard Boytende, chef de secteur d’élevage de Carnot-Gadzi.

Le président de la délégation spéciale de la ville de Carnot regrette les propos des bouchers sur le manque d’un parc à bétails. Il indique que ce sont les bouchers qui n’ont pas assez d’argent pour ravitailler le marché en viande de bœuf.