Bocaranga : les mines antipersonnel et les multiples barrières des forces de défense entravent la libre circulation©RNL/Jean-Eudes Bagali
Des habitants de Bocaranga lors d'une campagne de sensibilisation, en avril 2023

Bocaranga : les mines antipersonnel et les multiples barrières des forces de défense entravent la libre circulation

La ville de Bocaranga dans l’Ouham-Pendé, située à environ 510 kilomètres de Bangui, n’échappe pas à la hausse des prix des denrées de première nécessité. L’axe Bozoum, l’une de ses principales voies de ravitaillement, est aujourd’hui abandonné. La libre circulation des personnes et des biens reste compromise dans la région à cause des mines antipersonnel et de nombreuses barrières illégales.

La situation sécuritaire reste catastrophique dans la sous-préfecture de Bocaranga. Les usagers ont abandonné l’axe Bozoum non seulement à cause des mines posées par des hommes armés, mais aussi de la dégradation de la route. Pour se rendre à Bangui, ils se voient obligés de passer par Bouar, plus loin que Bozoum.

Les rebelles des 3R, actifs dans la région, sont en rivalité avec les forces régulières pour le contrôle de la région.

« Cette route reste encore dangereuse»

« Ce qui est sûr, sur l’axe qui mène de Bocaranga à Bozoum, il y a des mines sur la route. Bien qu’une équipe ait procédé au déminage de celle-ci, des malfrats sont encore partis la miner. Cette route reste encore dangereuse à l’heure où je vous parle », affirme Aimé Césaire Kodomon, maire de Bocaranga.

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Cette insécurité est à l’origine de la forte concentration de la population dans la ville de Bocaranga-centre. Selon des sources locales, la ville est passée de 15.000 à 50.000 personnes à l’intervalle de 10 ans. La population se dit victime de rançonnage sur des barrières érigées par des militaires centrafricains.

Rançonnage et hausse des prix

« Les agents de sécurité et les militaires érigent des barrières et nous demandent de payer 500 francs par sac de produits champêtres avant d’aller les vendre à Bocaranga. Pour des sacs de haricots, ils nous demandent de verser 4.000 francs avant de traverser la barrière », se lamente un habitant.

« Sur toutes les barrières, il faut payer les frais de formalité même ceux qui sont à bicyclette. Pour les taxis-motos, c’est encore pire. Les conséquences sont que les prix des denrées alimentaires ont augmenté sur le marché », déplore un autre de Bocaranga. 

Selon des sources militaires, les Forces armées centrafricaines (Faca), détachées à Bocaranga, manquent de moyens logistiques pour faire face au besoin sécuritaire de la région. Les 45.000 francs CFA de prime globale d’alimentation (PGA) à verser à chaque soldat ne leur parviennent pas régulièrement. Ces militaires sont contraints de soutirer de l’argent des mains de la population sur des barrières pour vivre.

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