11 morts dans l’attaque de la paroisse Notre Dame de Fatima

11 morts dans l’attaque de la paroisse Notre Dame de Fatima

Le bilan provisoire de l’attaque, jeudi après-midi, du site des déplacés de l’église catholique de Fatima dans le 6e arrondissement, fait état de onze personnes tuées parmi elles, l’Abbé Emile Paul Nzalé, un religieux n’exerçant plus son ministère. Le bilan révèle également de nombreux blessés. Des sources ecclésiastiques attribuent l’attaque à un groupe d’environ 200 hommes lourdement armés en provenance du Km5.

« C’est l’Abbé Emile Paul Nzalé qui n’exerce plus qui est décédé suite à une balle tirée à bout portant. Nous avons dénombré 11 morts » a raconté Jonas Békas, prêtre missionnaire combonien à la paroisse de Fatima. « C’est une attaque préparée, car on compte autour de 200 personnes. Ils étaient nombreux », a ajouté le prêtre.
 
Le prêtre explique que l’attaque a duré plus d’une heure. « Aux environs de 15 heures, nous avons écouté des tirs et nous avons pensé que c’était des Antibalaka qui tiraient comme d’habitude. Mais peu de temps après, il y a eu des répliques qui venaient du Km5 et qui se rapprochaient de la paroisse jusqu’aux environs de 18 heures. Lorsque les Antibalaka étaient à court de munitions, ils se sont repliés dans l’enceinte de la paroisse. C’était la débandade, les déplacés ont commencé à fuir », a-t-il indiqué.

La même source indique que 40 personnes ont été enlevées au cours de cette attaque et seraient tuées, « On vient de nous confirmer ce matin qu’elles ont été tuées, sauf une ou deux qui ont relaxées », déclare le prêtre.

D’après une source proche de la gendarmerie nationale qui a requis l’anonymat, deux des otages ont été relâchées tandis que tous les autres ont été tuées.

Ousmane Abakar, porte-parole des musulmans du kilomètre cinq,  mis en cause dans cette tuerie, rejette les accusations lancées contre des habitants de ce quartier. « Nous ne sommes pas à l’origine de la tuerie de l’église Notre Dame de Fatima. Nous subissons depuis six mois les effets néfastes avec la destruction de toutes les mosquées dont celle de Lakouanga ce matin ».

Il se dit choqué à l’annonce de l’information. « C’est avec tristesse que nous avons appris sur les ondes de Radio France Internationale et Radio Ndeke Luka la mort de plusieurs Centrafricains hier à la paroisse Notre Dame de Fatima » et ajoute que, « ce plan macabre est mis en place par les miliciens Antibalaka à leur tête Patrice Edouard Ngaïssona et François Bozizé pour déstabiliser le pouvoir de Bangui ».

Plusieurs personnes ont marché ce matin sur l’avenue Barthélemy Boganda pour protester contre la tuerie d’hier après-midi à la paroisse Notre dame de Fatima. Jean-Serge Bokassa, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, participant à la marche, parle de situation inexplicable . « ce que j’ai vu est indescriptible. Ils ont procédé à des enlèvements de personnes qui sont amenées on ne sait où ».
Il annonce que cette marche pacifique est le début d’une série d’actions à mener pour parvenir à la paix dans le pays.

Selon Jean Serge Bokassa, cette marche est la revendication d’un peuple qui a trop souffert. « Aujourd’hui nous avons tenu à manifester notre colère, indignation et protestation à l’endroit des acteurs politiques de ce pays. Nous voulons aussi interpeller fortement les responsables de la Misca, le général Mokoko, le général Tumenta également le général Soriano de Sangaris. Qu’ils prennent toutes leurs responsabilités ». Par ailleurs, il exige la réhabilitation des forces de défense et le retrait des éléments Burundais de la Misca : « nous voulons aussi dire qu’il est important aujourd’hui que notre armée nationale soit remise sur pied. Nous voulons demander le départ du contingent Burundais ».

Depuis sa résidence de Boy Rabe dans le 4e arrondissement, le coordonateur des Antibalaka, Patrice Edouard Ngaïssona, se dit attristé par l’évènement qui a coûté la vie à des Centrafricains. Le coordonateur général des Antibalaka rejette toute implication de ses miliciens et avance la thèse d’un piège dans lequel, les Antibalaka sont tombés.

A propos des barrières dressées dans plusieurs quartiers, Patrice Edouard Ngaïssona indique qu’il s’agit d’un mécontentement populaire et n’a rien à voir avec les Antibalaka. Par ailleurs, il appelle la Misca, Sangaris et Eufor-RCA à désarmer ceux qu’il appelle « les mercenaires de Km 5 » et qui ne sont pas à confondre aux paisibles musulmans centrafricains.

Plusieurs autres manifestants ont brûlé ce matin des pneus sur plusieurs artères de la ville.

Cette tuerie à l’église catholique de Fatima intervient après l’ouverture d’une semaine d’action culturelle et de prière initiée par la plateforme interreligieuse et axée sur la recherche de la paix et de la cohésion sociale.

Le médiateur de la crise, le président Congolais Denis Sassou-Nguesso, avait exigé aux Centrafricains de privilégier le dialogue, lors de la mission de plaidoyer de la plateforme religieuse dimanche à Brazzaville au Congo,.