Forum national : poursuite des travaux en Commissions

Forum national : poursuite des travaux en Commissions

Les travaux en commission du Forum national de Bangui lancés ce mercredi, 06 mai 2015, se poursuivent. Quatre sites abritent chacune des commissions.

La salle de conférence de la CEMAC abrite la commission Paix et Sécurité alors qu’à l’hôtel Azimut, se réunit la commission Gouvernance. La commission Développement Économique et Social occupera la salle 101 du Complexe sportif Barthélémy Boganda (stade 20.000 places) tandis que les travaux de  la Commission Justice et Réconciliation se dérouleront à l’hémicycle des Affaires Étrangères.

Selon M. Sylvain Brahi, représentant de la jeunesse du Bamingui-Bangoran au forum inter-centrafricain, les quatre thématiques retenues pour ces pourparlers permettront une sortie définitive de la crise en République centrafricaine.

« Ces quatre points nous permettront de nous retrouver après cet échec politique. Le Bamingui-Bangoran m’a commissionné de venir au Forum prononcer rien que la paix, la paix et le pardon ».

Pour M. Nicaise Wilikondi, délégué de la sous-préfecture de Boda, la question de réparation des victimes doit être pris en compte : « On a parlé de la paix, cela vient d’abord du cœur. Il faut d’abord un désarmement du cœur et d’esprit. Maintenant, eux c’est seulement la réparation et la justice. La plupart des maisons qui sont brûlées, et des gens qui se retrouvent encore dans la brousse, voila pourquoi jusque lors, on parle toujours de la paix ».

Durant deux jours, les délégués au forum de Bangui auront à faire une analyse objective ainsi que des propositions concrètes relatives à chaque thématique.

Pour sa part, le général ex Séléka, Abdel Kader Khalil demande à ses pairs de se rendre à la justice s’ils veulent que la paix revienne définitivement dans le pays. « Je demande au nom de notre mouvement – l’UFDR Fondamentale – pardon au peuple centrafricain. Je demande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour que les politico-militaires qu’il s’agisse des ex-Seleka, des ex-Faca ou des Antibalaka qui ont commis des crimes et autres exactions sur le peuple centrafricain soient jugés. Je me porte volontiers pour montrer l’exemple à mes pairs. Sils aiment leur pays, ils doivent répondre devant la justice pour que la paix revienne définitivement en Centrafrique ».

A l’ouverture de ce forum de Bangui, le président congolais Denis Sasou Nguesso, médiateur international dans la crise centrafricaine, avait appelé les Centrafricains à réécrire les lettres de noblesse qui feront de la République Centrafricaine, un État à part entière. « La priorité est que la République Centrafricaine renaisse à la vie. Que le peuple centrafricain réconciliée avec lui-même retrouve son unité. Que l’État soit au plus vite restauré dans sa responsabilité impartiale, dans son incontestable autorité, dans son entière souveraineté. Qu’enfin, le pays retrouve dans la sécurité de chacun et de tous, la voie de la stabilité et de développement ».

Par ailleurs, un village culturel et artistique pour rassembler et réconcilier

Un village culturel et artistique sur la réconciliation est ouvert au Parc du Cinquantenaire à Bangui. C’est le ministère du tourisme, des arts, de la culture qui organise cet événement en marge du Forum de Bangui pour rassembler les artistes centrafricains et montrer l’importance de la culture en Centrafrique.

Justifiant cette initiative qui intervient juste au moment du Forum, Mme Mauricette Psimhis Monthé, ministre du tourisme, des arts et de la culture précise « qu’on a attendu le Forum pour que ce village soit un rassemblement pour tous les participants, toutes les populations, pour tous les centrafricains afin qu’ils viennent également prendre part au forum mais plutôt du côté culturel, artistique et artisanal. Parce que notre pays regorge de richesses ».

Ce village culturel, c’est aussi le moment de promouvoir la culture centrafricaine. « Avec tout ce qui s’est passé dans notre pays, la culture centrafricaine a été mise à mal. Les artisans, les artistes, toutes les personnes qui sont les héritiers de notre culture ont été mis à mal. L’occasion du Forum ne doit pas seulement être un rassemblement politique mais un rassemblement culturel où tous les centrafricains puissent se retrouver », a-t-elle expliqué.

Au programme de ce village culturel, des représentations théâtrales, des spectacles de hip-hop, des concerts de danses modernes et traditionnelles, des expositions de peinture, d’art sur le thème la Centrafrique avant, la Centrafrique aujourd’hui, la Centrafrique de demain ainsi que des expositions d’œuvres d’art.

Au cours de ce village culturel et artistique qui connaîtra la participation de plusieurs artistes dans différents domaines, l’occasion leur est aussi donnée de venir se faire répertorier par le ministère mais aussi s’exprimer. A cet effet,  la ministre du tourisme, des arts et de la culture précise que « les artistes centrafricains n’ont pas beaucoup l’occasion de s’exprimer. Ce village est leur village, ils peuvent venir s’exprimer, avec ou sans rémunération, ils doivent venir parce que c’est le moment de venir participer à la paix, à la concorde. C’est le village du forum, donc la réconciliation doit avoir lieu.  Parce que la réconciliation, et la paix ne se font pas sans joie. Et s’il doit avoir joie, il doit avoir réjouissance, il doit avoir musique, il doit avoir l’art, la peinture, l’artisanat, la cuisine centrafricaine, la gastronomie…, en un mot, la fête au village comme à l’époque », a-t-elle ajouté.

A propos des droits d’auteurs souvent ignorés en Centrafrique, Mme Mauricette Psimhis Monthé précise, « qu’un texte de loi est en préparation pour la préservation des droits d’auteurs en général. Mais il faut que nos artistes apprennent à se vendre et pour cela, il faut qu’il se rapprochent du département qui est le leur afin que les techniciens qui sont là puissent les accompagner dans leurs promotions. Parce que quand on voit les artistes qui réussissent à l’étranger, ils ont un accompagnement mais cela ne se retrouve pas encore avec les musiciens centrafricains. Il n’y a pas que les musiciens, il y a aussi les peintres, les poètes, les conteurs, les artisans, il faut que ces corps de métier se structurent pour pouvoir apprendre à se vendre ».

Au cours de ce Forum, il faut que les centrafricains aient le courage de se pardonner, de se réconcilier,  de s’ aimer. Et avec la volonté, tout ira mieux. Mais conclut-elle , les artistes ont une mission capitale, celle de contribuer à apaiser les cœurs tant, il n’y a jamais eu de réjouissances sans musique.