Dans les coulisses des groupes de travail du Forum de Bangui

Dans les coulisses des groupes de travail du Forum de Bangui

Après 48 heures d’intenses débats dans les quatre commissions thématiques, les travaux du Forum national vont se poursuivre ce vendredi en plénière. Mais coup d’œil dans le rétroviseur des travaux en commissions. A la 3e journée des travaux du Forum, les choses se précisent ; les intentions se dévoilent ; les couleurs se révèlent.

Dans la salle 101 du Complexe sportif Barthélémy Boganda (Stade 20.000 places) archi-comble, se sont déroulés les travaux de la commission Gouvernance. A elle seule, cette commission accueille plus de 250 délégués sur les quelques 600 participants que compte le Forum.

Pourquoi un tel engouement pour la commission Gouvernance ?

La réponse est claire : des calculs politiques privilégiés. Il est question de débattre du Code électoral, de la charte constitutionnelle, de la Cour pénale spéciale, de l’avant-projet de Constitution. La transition doit s’achever en principe en août. Quel schéma suivre pour la suite si les élections arrivaient à être repoussées ? En tout cas, des questions fondamentales qu’aucun acteur politique ne veut louper.

Ce qui explique la forte mobilisation pour cette commission où ils sont sûrs de ne pas perdre leur carte. Parlons du 1er point qui retient particulièrement l’attention de la classe politique et qui a trait aux élections, en dépit de l’évidence que le chronogramme remanié est devenu intenable, c’est-à-dire que les centrafricains n’iront pas aux urnes entre juin et août comme initialement prévu, il est difficile jusqu’à lors de dire quand elles pourront se tenir.

Tandis que les politiques tergiversent sur la période à proposer, les groupes armés ont fait unanimité en proposant la fin de l’année soit novembre et décembre pour organiser ces élections. Ils se sont aussi opposés à toute idée d’une 3e transition, mais souhaitent plutôt un rallongement de l’actuelle équipe tout en renforçant celle-ci par certaines compétences. Cependant, certains participants veulent bien qu’on tienne compte des contraintes de l’Autorité nationale des élections (ANE), lesquelles empêchent la tenue de l’actuelle échéance électorale dans le délai imparti. Entre autres : le code électoral non encore disponible ; un gap de 48% du budget électoral à mobiliser et ; la mise en place des démembrements de l’ANE qui connaît un problème logistique.

Commission Justice et Réconciliation

Dans les autres commissions, l’engouement constaté à la commission Gouvernance n’est certes pas au rendez-vous mais les travaux, malgré les  couacs constatés par ci et là, ont finalement pu avancer. A la Commission Justice et Réconciliation, logée dans l’hémicycle des Affaires étrangères, la salle n’offre pas une commodité adéquate. Et les participants s’en sont plaints.

Pour Jean Christophe Nguinza, « c’est un environnement chaud déjà parce que les conditions ne sont pas réunies pour nous rafraîchir. Et vous savez que dans une telle chaleur, tous les esprits sont surchauffés et vous comprenez que l’ampleur de la crise et les cris de misère de nos concitoyens nous poussent justement à dépasser tout cela ».

« Sur le plan organisationnel, pour être objectif, il y a des ratés mais ce ne sont que des œuvres humaines, l’homme n’est pas parfait. Nous pensons que le comité d’organisation a fait un effort surtout que les gens ont réussi à se restaurer, à prendre un petit-déjeuner… », a-t-il ajouté. Finalement, cette Commission a été relocalisée au Conseil national de transition (CNT, le parlement provisoire).

Commission Développement économique et social

Dans la commission Développement économique et social, installée à l’hôtel Azimut, l’ambiance est toute aussi belle. Des participants quiets et des débats menés sans grandes difficultés. Sauf que la classe intellectuelle tente de caporaliser les débats au détriment des victimes et autres délégués venus des provinces lors que les interventions sont généralement menées en français. La question de l’exploitation des richesses du sous-sol centrafricain s’est naturellement invitée aux débats même si elle n’a pas été approfondie, ce qui crée des frustrations. Certains participants regrettent le fait que le bureau ne leur ai pas donné l’occasion de se prononcer en profondeur sur le sujet. D’autres, par contre, ont mis en lumière la pression de la France sur cette ressource, ce qui pourrait être source d’une nouvelle crise.

Commission Paix et sécurité

Un autre casse-tête, c’est la commission Paix et sécurité. Et comme on le dit, « A chaque rivière, ses poissons ». Des militaires et groupes armés en surnombre s’ajoutent aux délégués des régions les plus affectées par la crise. Dans cette commission, l’ambiance est à la surchauffe : chamaillades, coups de gueule, menaces de boycott bref, tout le monde voulait intervenir, même si tout le monde ne peut parler à la fois. Après moult appels au calme, l’entente s’est installée et les travaux ont repris avec quelques propositions concrètes : la mise en place d’une médiation nationale, ainsi que des comités de réconciliation dans chaque préfecture. Mais tout cela ne peut-être effectif que si l’on s’active au redéploiement des Forces armées centrafricaines dans les régions frontalières. Ensuite, un désarmement volontaire des groupes armés identifiés et, un désarmement forcé pour les groupes non identifiés.