Centrafrique : la lenteur de la machine judiciaire crée des mécontents à Mobaye©RNL/Jean Fernand Koena
Des juges de la Cour d'appel de Bangui lors d'une audience

Centrafrique : la lenteur de la machine judiciaire crée des mécontents à Mobaye

L’absence de réponses de la justice à certains crimes et violations des droits de l’Homme provoque la colère de certains habitants de Mobaye dans la préfecture de la Basse-Kotto. Plusieurs plaignants déplorent un manque de réactivité des autorités judiciaires concernant les nombreux dossiers de viol sur mineurs pendants devant la justice.

Parmi les nombreux parents des victimes de viol sur mineurs figure Basile. L’air attristé, l’homme tient dans sa main gauche un certificat médical. Il vient de quitter la brigade de la gendarmerie de Mobaye où il a déposé une plainte après le viol de sa fillette de 4 ans par un adulte.

« Cela m’énerve »

« Cela fait quatre jours que ma fillette de 4 ans a été violée par un homme. Je suis venu à la gendarmerie pour me plaindre. Depuis lors, on ne fait que reporter les choses. On n’a même pas organisé une confrontation avec l’auteur de ce viol. Cela m’énerve »,  s’insurge Basile.

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Anastasie, mère de famille, déplore, elle aussi, la lenteur de la justice quelques mois après le viol commis sur sa fille de 13 ans.

« Silence total »

« Ma fille âgée de 13 ans a été violée par un homme. J’ai joint le certificat médical à une plainte que j’ai déposée à la gendarmerie depuis le mois de juin dernier. Jusqu’à aujourd’hui, c’est un silence total. Nous souffrons pour nous occuper de nos enfants. Ce n’est pas normal », se lamente Anastasie.

L’ONG Espérance, qui œuvre dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre à Mobaye, confirme la montée des viols sur mineurs dans la ville.

Les victimes, âgées de 4 à 13 ans

« Nous avons comptabilisé 68 cas de violence basée sur le genre. Le cas de viol est le cas de plus en plus exagéré. Et, ces cas se produisent sur des enfants de 4 à 13 ans », déplore Jean-Luc Amback, agent psychosocial au sein de l’ONG Espérance.

Face à la montée des plaintes et au risque que la justice populaire prenne le dessus, le président de la délégation spéciale de la ville de Mobaye se dit conscient des inquiétudes de ses administrés et les appelle à la patience.

Appel au calme

« Je suis informé de ces violences sur les mineurs. L’attente de la population, qui demeure sans réponse, peut avoir un impact négatif. Toutefois, je voudrais rassurer la population de ne pas céder à la colère. Nous avons le personnel judiciaire qui va s’occuper de leur problème », a rassuré Marc Dakpo, président de la délégation spéciale de la ville de Mobaye.

Ni les autorités judiciaires de Mobaye ni les responsables de la brigade de la gendarmerie de la ville n’ont encore réagi à ces plaintes de la population. La sous-préfecture de Mobaye, qui compte plus de 31 mille habitants, ne dispose pas de maison d’arrêt depuis plus de 3 ans en raison des multiples crises sécuritaires ayant affecté la région.

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