Attention, la débandade de ce lundi matin à Bangui est due à une fausse information©RS
Des élèves d’un établissement public de Bangui en débandade, 09-10-2023

Attention, la débandade de ce lundi matin à Bangui est due à une fausse information

  • Une rumeur fait état de la présence d’hommes armés en périphérie de Bangui, précisément au Pk17 sur la route de Damara.

 

  • Une fausse alerte provoque la panique dans le secteur Nord puis dans plusieurs quartiers de la capitale.

 

  • Des habitants locaux et des autorités locales de la commune de Bégoua dénoncent une fausse information.

 

  • Le Gouvernement centrafricain parle de rumeur et appelle la population au calme.

 

  • Après vérifications approfondies par la cellule #StopATènè de Radio Ndeke Luka, l’information qui a provoqué la débandade ce lundi matin à Bangui est fausse. Il s’agit d’une rumeur.

 

Lundi 09 octobre 2023, alors que la capitale était encore arrosée par la pluie, plusieurs quartiers ont été mouvementés. Des hommes, des femmes et des enfants couraient dans tous les sens. La raison, une information faisant état de la présence d’hommes armés aux portes de Bangui s’est vite répandue.

Cette nouvelle a provoqué une panique généralisée dans la capitale, obligeant plusieurs commerces à fermer et des élèves à abandonner les salles de classe.

   

Photos d’élèves d’un établissement public de Bangui en débandade 09-10-2023

Cette panique généralisée est intervenue non seulement dans un contexte de tension politique croissante entre le pouvoir et l’opposition après l’adoption de la nouvelle Constitution de la République centrafricaine mais aussi par des rumeurs de tentative de déstabilisation des institutions de la République.   

Pour mieux comprendre l’origine de cette nouvelle ayant provoqué la débandade dans la ville de Bangui, la cellule #StopATènè de Radio Ndeke Luka s’est rendue au PK17, route de Damara, précisément dans le village Kpangba, communément appelé Djébel. C’est là que tout est parti.

Les faits

Selon les premières données de nos investigations sur le terrain, la rumeur proviendrait d’une femme qui aurait déclaré au chef du village Kpangba avoir croisé des hommes armés au pied de la colline à quelques mètres du village. Ces derniers, ne parlant pas le Sango, lui auraient soutiré de l’argent.

 «Nous étions en train de prendre le petit déjeuner ce matin et subitement, une femme en sueur a fait son apparition pour informer mon mari de la présence d’hommes armés non loin de notre village. Mon mari a décidé de conduire la femme au poste avancé des éléments du Bataillon d’infanterie territorial (BIT) 7 des Forces armées centrafricaines (FACA) afin qu’elle puisse leur donner cette information. C’est à ce niveau que la rumeur s’est répandue très rapidement dans tout le village, provoquant une panique», a témoigné Honorine Amandja, femme du chef du village Kpangba.

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D’autres habitants du village Kpangba que nous avons rencontrés confirment, eux-aussi, l’origine de la nouvelle.

«Effectivement, cette femme venait constamment prier sur la colline, et ce matin, elle est venue alerter notre chef par rapport à la présence des rebelles près de notre village. Le chef a décidé de la conduire au poste des militaires. Ces derniers ont automatiquement pris des dispositions militaires occasionnant la débandade au sein de la population. Sans avoir aperçu ces hommes armés, les gens ont commencé à courir dans tous les sens pour se mettre à l’abri », a expliqué Nancy Kparabemty, une habitante.

Pour en avoir le cœur net, la cellule #StopATènè a rencontré certaines autorités locales. Pour le maire de la commune de Bégoua, il s’agit d’une rumeur.

« C’est une fausse alerte »

« Cette situation a paralysé les activités au marché de PK12. Beaucoup de commerçants ont abandonné le marché. C’est une situation regrettable puisque c’est une fausse alerte. Je profite de l’occasion pour lancer un vibrant appel à toute la population de la commune de Bégoua de sortir et de vaquer librement à ses occupations », a lancé Jean Emmanuel Gazanguinza, maire de la commune de Bégoua.

La cellule #StopATènè ne s’est pas limitée là. Un de nos membres a contacté une source sécuritaire à Damara. Cette dernière, à son tour, a rejeté en bloc la rumeur selon laquelle des hommes armés ont envahi ladite ville avant de poursuivre leur marche vers la capitale.

« La situation est calme dans la ville de Damara et les gens vaquent actuellement à leurs activités quotidiennes. Aucune attaque armée n’est signalée. Les forces de défense et de sécurité assurent la sécurité de la ville», a indiqué l’adjudant-chef, Emery Régis Yapende, Commandant de la Brigade territoriale de la gendarmerie de Damara.

Face à cette situation, qui rappelle les moments sombres de l’histoire du pays à de nombreux Centrafricains, le porte-parole du gouvernement appelle la population au calme et à reprendre ses activités.

« Il s’agit d’une fausse information »

« Il n’y a rien dans la capitale. Il s’agit d’une fausse information et je tiens à rassurer la population que nos forces de défense et de sécurité sont à pied d’œuvre sur toute l’étendue du territoire. J’appelle la population à vaquer librement à ses occupations », a déclaré Serge-Ghislain Djorie, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement.

En conclusion, la nouvelle qui a provoqué la débandade ce lundi 09 octobre dans certains quartiers de Bangui est une fausse information. Il s’agit d’une rumeur qui s’est très vite répandue. Vérifiez avant de croire et ne vous laissez pas malmener par les rumeurs.

#StopATènè, l’équipe qui lutte contre la désinformation et les discours de haine en Centrafrique

 Sources :

  • Entretien avec Honorine Amandja, femme du chef du village Kpangba 2
  • Entretien avec Nancy Kparabemty, une habitante du village Kpangba 2
  • Entretien avec Jean Emmanuel Gazanguinza, maire de la commune de Bégoua
  • Echange téléphonique avec l’Adjudant-chef Emery Régis Yapende, Commandant de la Brigade territoriale de la gendarmerie de Damara
  • Déclaration de Serge-Ghislain Djorie, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement

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