Centrafrique : chasseurs et pêcheurs demandent plus d’accompagnement dans les aires de conservation de Chinko
Une vue de la rivière Chinko dans le Mbomou. Photo : RNL/Martial Stève Mbétissinga, mars 2024.

Centrafrique : chasseurs et pêcheurs demandent plus d’accompagnement dans les aires de conservation de Chinko

Pour faire face à la gestion des aires de conservation de Chinko, African Parks a mis en place des mesures d’accompagnement pour les chasseurs et pêcheurs du Mbomou. Si les activités sont restreintes dans ces aires afin de protéger la biodiversité, les chasseurs et les pêcheurs souhaitent plus d’accompagnement.

Pour l’organisation African Parks qui gère les aires de conservation de Chinko, la protection de la biodiversité passe par la réglementation de la chasse et de la pêche. Ainsi, de nouvelles techniques sont apprises aux chasseurs.

« La chasse réglementée est celle qui fait la distinction entre les animaux mâle et femelle avant de les abattre. Elle permet d’éviter les anciennes pratiques de nos ancêtres consistant à creuser des fosses comme piège et l’intoxication des animaux », explique Aristide Koubou, chasseur à Rafaï ayant suivi une formation sur la chasse réglementée.

« La chasse ne nous profite pas »

Après 24 ans de pratique de chasse à Bangassou, Armand Yawili, préfère d’autres activités en dépit de ces nouvelles techniques apprises. 

« Avec les nouvelles conditions, la chasse ne nous profite pas aujourd’hui. Nous avons déjà une parcelle. Nous souhaitons un appui pour l’élevage des caprins», indique-t-il.

Pour de nombreux pêcheurs, leurs activités ne sont plus fructueuses avec les nouvelles techniques conseillées par African Parks. Ceux-ci souhaitent plus d’accompagnement.

« On veut plus d’accompagnement »

« Pour le moment, nous n’avons pas d’appui. Le projet Chinko nous appuie seulement dans des formations, la délimitation des zones de pêche et dans l’apprentissage de nouvelles techniques, appelées AKADIA. Mais ce n’est pas encore suffisant. On veut plus d’accompagnement.  Pour le moment, avec le chômage, beaucoup souhaitent des formations professionnelles », expliqueEmmanuel Ngonvo, président sous-fédéral des pêcheurs de Bangassou.

En plus des formations, Herman Tristan Fakos, chef de département développement durable à Chinko, assure un accompagnement pour l’autonomisation des habitants.

« Nous allons continuer à renforcer les capacités de ces groupements afin qu’ils puissent atteindre un niveau d’autonomisation, d’indépendance vis-à-vis de l’organisation », fait-il savoir.

Aujourd’hui, avec la restriction des activités de chasse et de pêche dans les aires de conservation de Chinko, la préfecture du Mbomou, réputée en viande de brousse et poisson frais, n’offre plus ces aliments en abondance.

Chinko est une zone protégée d’environ 5,5 millions d’hectares (55.000 km²) dans la partie Sud-est de la République centrafricaine, gérée dans le cadre d’un partenariat public-privé de cinquante ans avec le ministère des Eaux et Forêt. Cette gestion concerne l’eau, les forêts, la chasse et la pêche.

African Parks a commencé à gérer Chinko en décembre 2014, devenant ainsi le huitième parc à être inclus dans le portefeuille de gestion de l’organisation soutenue par USAID.

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