Centrafrique : la construction d’une baleinière, une œuvre d’art nécessitant la technicité
Mise à l'eau d'une baleinière après sa construction au port Saö dans le 7ème arrondissement de Bangui. Photo : RNL/Hugues Florentin Namkoïssé, mai 2024.

Centrafrique : la construction d’une baleinière, une œuvre d’art nécessitant la technicité

À Bangui, comme dans certaines villes centrafricaines, la construction des baleinières est une architecture sans connaissance scientifique à la base. Les chantiers de fabrication de ces embarcations se trouvent généralement au bord de la rivière Oubangui. Ces moyens de transport ravitaillent la capitale et ses environs en produits alimentaires. Cependant, ils constituent un danger pour la sécurité des usagers s’ils sont bâtis. Coup d’œil sur la construction d’une baleinière.

Entouré de ses outils, notamment marteau, scies, pointes et autres accessoires, Kévin est en train de construire une baleinière. Assisté de ses deux collègues, ils doivent, avant tout, commencer par la coque. A leurs côtés, se trouve un fût contenant du goudron chauffé à plomb. Ces fabricants l’utilisent pour rendre rigide et résistante l’envergure de l’embarcation. Qu’est-ce qu’une baleinière ? Kévin donne sa définition.

« S’inspirer de la forme de la baleine »

« En terme général, on peut l’appeler petit bateau ou une grande pirogue. Comme son nom l’indique, ça vient de baleine. Donc, pour fabriquer une baleinière, il faut s’inspirer de la forme de la baleine », affirme Kévin.

Pour rendre solide la construction d’une baleinière, il faut également choisir le bois. C’est ce qui détermine la durée de vie de l’embarcation.

Le sapelli : squelette de la baleinière

« La baleinière est conçue à base de bois naturel. Le sapelli par exemple, c’est comme les os de la baleinière. C’est ce qui donne la forme à l’embarcation. Généralement, la baleinière ne dure pas trop. Après 2 ans, il faut refaire la construction. Auparavant, on faisait les membranes à 85 cm. Mais aujourd’hui, on les réduit à 40 pour que l’embarcation résiste lorsqu’elle touche une roche », explique Kévin. 

Après cette phase, ces façonniers renversent la coque pour dresser le bas avec du goudron liquéfié. Une étape cruciale, selon eux.

« Empêcher l’infiltration de l’eau »

« Le goudron liquide empêche l’infiltration de l’eau par les petites fissures, invisibles à l’œil. D’aucuns pensent que le goudron liquide fait la beauté de l’embarcation. D’autres, par contre, jugent le travail facile. Ils ne savent pas faire le calcul des échelles. Or, si le calcul est mal fait, la baleinière balance », conclut Kevin.

Les baleinières sont utiles. Mais elles constituent un danger lorsqu’elles sont mal faites. Selon les spécialistes, plusieurs embarcations ont chaviré ces dernières années pour défaut de conception.

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