Déchéance de la nationalité de Dologuélé : quelles conséquences politiques ?
Anicet-Georges Dologuélé, président de l’URCA. Photo: Jeune Afrique

Déchéance de la nationalité de Dologuélé : quelles conséquences politiques ?

Déchu de la nationalité centrafricaine par une décision de justice rendue le 17 octobre dernier, Anicet-Georges Dologuélé, président de l’URCA, se retrouve désormais apatride. Une situation qui soulève de nombreuses interrogations sur son avenir politique, alors qu’il est candidat déclaré à la prochaine présidentielle et député en exercice de Bocaranga 1.

Cette décision, inédite dans l’histoire politique centrafricaine, suscite de vifs débats, mais peu osent s’exprimer publiquement sur le sujet. À l’université de Bangui, à l’Assemblée nationale comme dans les milieux politiques, le silence domine.

Pour Laurent Gomina Pampali, ancien député de Nola, la situation est non seulement préoccupante, mais aussi révélatrice d’un malaise institutionnel. « C’est une question de logique. On en déduit qu’ipso facto, celui que je vais appeler le compatriote, parce que dans ma tête, c’en est un, le compatriote Dologuélé, au regard des dispositions de la loi, perd tout. Nous sommes face à l’application de la loi de 1961, déterrée au dernier moment. Je constate deux poids, deux mesures. Cette situation, à la fois politique et juridique, est désolante. Désolante pour l’homme lui-même, mais aussi pour un État qui se veut démocratique », déplore-t-il. L’ancien député de Nola est l’invité de notre dossier du jour ce mardi.

Si certains observateurs y voient une manœuvre politique destinée à écarter un adversaire de poids, les proches du pouvoir évoquent simplement le respect de la loi. Du côté de la société civile, le Groupe de travail de la société civile (GTSC) appelle à la cohérence et à l’apaisement. Son porte-parole, Paul Crescent Béninga, plaide pour une application équitable de la loi. « Pour moi, soit on applique la loi à tout le monde, puisqu’elle a un caractère général et impersonnel, soit on privilégie le dialogue afin de trouver un consensus politique. Dans ce cas, l’application de la loi pourrait être suspendue. Ce sont, à mon sens, les deux options possibles pour la République centrafricaine. J’appelle tous les acteurs à la retenue et au dialogue », recommande-t-il.

Cet épisode intervient alors qu’Anicet-Georges Dologuélé traverse déjà une période de tensions avec ses anciens alliés du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC). Depuis l’annonce de sa déchéance, son camp observe un silence prudent.

Reste désormais à savoir si la justice, le gouvernement ou l’Assemblée nationale trancheront sur son sort avant l’ouverture de la campagne électorale. Une chose est sûre : le cas Dologuélé pourrait bien faire jurisprudence dans la vie politique centrafricaine.

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