Les arnaques sur les réseaux sociaux continuent de faire des victimes en République centrafricaine, principalement dans la capitale, Bangui. Depuis le début de l’année, le ministère des Affaires étrangères a recensé une cinquantaine de cas.
Les victimes d’arnaques sur les réseaux sociaux sont le plus souvent des jeunes diplômés ou des personnes en situation de vulnérabilité économique. Sylvain Massoua, un jeune ingénieur centrafricain, en a fait les frais. Le 4 juin dernier, il a souscrit à des offres de la compagnie Quest Union Africa, basée au Tchad, via l’une de ses connaissances. « J’ai soumis mon dossier. On m’a fait savoir que je serai pris en charge une fois quitté le pays et arrivé dans ce lieu-là. Mais c’est lorsque je suis arrivé qu’on va me demander de m’inscrire moyennant une somme de 650.000 frs CFA ; ce qui équivaut à 25% du coût total de ce que je devrai verser. Sur place, on t’oblige à faire venir tes connaissances », explique-t-il.
« Mes jeunes frères, faites attention »
Grâce Kabouya, un ressortissant congolais, est tombé dans le même piège. En attendant l’aide financière de sa famille pour rentrer, il est hébergé par Sylvain à Bangui. Il lance un appel à la vigilance.
« J’ai déjà tout payé. J’ai même quitté l’hôtel pour rejoindre leur appartement. Mais aujourd’hui, nous sommes 8 voire 9 dans une petite chambre. Mes jeunes frères africains, faites attention ! Posez-vous beaucoup de questions avant de vous engager dans ces genres de choses ».
Ces réseaux d’arnaque sont désormais répandus dans l’Afrique. Si certains excellent dans les offres de bourses d’études, d’autres hameçonnent avec des initiatives de cryptomonnaie. Dans une publication mardi 1er juillet, le journal Le Monde et l’AFP ont révélé qu’une fausse plateforme de trading de cryptomonnaies, reposant sur la pyramide de Ponzi, s’est effondrée en avril, menant à la ruine plusieurs investisseurs à travers l’Afrique. Un fonctionnaire kényan y a perdu par exemple plus de 9 millions de francs CFA. Le Monde indique que les victimes sont majoritairement des kényans et des nigérians, et pointe CryptoBridge Exchange (CBEX), auteur de cette arnaque.
A Bangui, le ministère des Affaires étrangères dit avoir été saisi par des dizaines de victimes d’arnaque à la bourse d’études en ligne depuis le début de l’année.
« Depuis le début de l’année, on a pu enregistrer plus d’une cinquantaine de personnes. Sauf que peu sont revenus. Présentement, nous sommes sur un projet de sensibilisation pour dispatcher des dépliants au niveau des frontières et dans toutes les universités. Ce, pour ne pas que les jeunes qui composent actuellement le baccalauréat ne puissent pas tomber dans ce réseau d’arnaques », assure Riznelle Gaëlle Nambokinena-Ngaïssio, chef du service consulaire au ministère des Affaires étrangères.
En attendant les mesures promises par le gouvernement centrafricain, le nombre de victimes d’arnaques sur les réseaux sociaux ne cesse d’accroître. Les chiffres de la société d’analyse Chainalysis, l’escroquerie numérique a généré 9,9 milliards de dollars (soit près de 6.000 milliards de francs CFA) en 2024 dans le monde.
-Lire aussi : Des centrafricains piégés par des offres de bourses d’études à l’étranger
