Centrafrique : les élèves de Bossembélé dénoncent le manque d’enseignants qualifiés dans leurs écoles©Marc Ellison / Fondation Hirondelle
Des élèves filles dans une école de Bangui, 2017

Centrafrique : les élèves de Bossembélé dénoncent le manque d’enseignants qualifiés dans leurs écoles

Au marché central de Bossembélé comme dans les principaux coins chauds de la ville, la question est toujours au bout des lèvres. Un groupe d’élèves, dont les témoignages ont été recueillis par Radio Ndeke Luka, dénonce les difficiles conditions de leurs études. Ces élèves se plaignent du manque d’enseignants qualifiés. Exaspérés, ils lancent un SOS à l’endroit du gouvernement

« Depuis la rentrée scolaire, nous n’avons pas de professeurs de mathématiques et de SVT. Nous n’avons que cinq matières. On affecte les enseignants, ils refusent de venir. Leur raison, il n’y a pas de radio ici. Ils ont même avancé comme arguments que les jeunes d’ici sont trop têtus. Or, c’est faux. Ils refusent sans raison de venir. Aidez-nous par nous envoyer les enseignants » déplore Esdras, élève en classe de 2nde.

Pour ceux qui ont jeté l’éponge et qui se sont fondus dans le petit commerce, c’est un autre argument. Selon eux, la réalité a bien changé. D’où, le temps passé à l’école ne leur a pas apporté grand-chose.

« Depuis que j’ai abandonné l’école, je constate qu’il n’y a plus de bonne formation. Imaginez-vous, un élève part à l’école à 7h00. A 8h00, il est au marché ou dans la salle de ciné-vidéo. Ils ne parlent que du manque de professeurs. Lui par exemple est en classe de 2nde. Demandez-lui de construire une phrase en français. Voilà la réalité de l’école d’ici » affirme John, un ancien élève.

Ce manque cruel d’enseignants qualifiés ne concerne pas seulement le lycée.  Les écoles primaires également sont touchées. Très remontés et s’inquiétant de l’avenir de leurs enfants, certains parents se tournent vers le privé.

« Il n’y a pas de bons instituteurs pour enseigner nos enfants. Ils ont recruté des gens qui n’ont pas de niveau. Ces derniers n’ont même un brevet de collège. C’est ça qui nous a poussés à inscrire nos enfants dans des écoles privées. C’est cher, mais pour l’avenir de nos enfants, on est obligés. On se bat pour eux » s’insurge Joséphine, une parente d’élèves.

Ce phénomène du manque d’enseignants qualifiés concerne toute la République centrafricaine. Il y a trois semaines, les élus de la Nation ont interpellé le gouvernement sur cette question cruciale. Jusqu’à lors, aucune solution concrète n’est apportée à cette préoccupation.

 

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