One Forest Summit » de Libreville : « un moment clé pour avancer sur l’action climatique et la préservation de la biodiversité »©OFS
Pancarte annonçant le One Forest Summit dans une rue de Libreville au Gabon, février 2023

One Forest Summit » de Libreville : « un moment clé pour avancer sur l’action climatique et la préservation de la biodiversité »

Un sommet sur la protection des forêts « One Forest Summit » s’est ouvert ce 1er mars à Libreville au Gabon. Un rendez-vous qui, en raison du thème abordé, a mobilisé plusieurs chefs d’Etats de la région et experts.

Annoncé en novembre 2022 durant la COP 27 à Sharm el-Sheikh en Egypte, ce sommet de deux jours sera l’opportunité de faire progresser et renouveler les ambitions collectives concernant la préservation et la gestion durable des forêts, des actions essentielles pour relever les défis mondiaux d’interdépendance, notamment le changement climatique et la perte de biodiversité.

One Forest Summit sera « un moment clé pour avancer sur l’action climatique et la préservation de la biodiversité », peut-on lire sur le portail de l’événement. « Ceci, tout en promouvant la solidarité entre les trois grands bassins forestiers à l’échelle mondiale : la forêt amazonienne, le bassin du Congo et les forêts tropicales d’Asie du Sud Est ». Selon les spécialistes, les forêts constituent le deuxième plus grand puits de carbone au monde après les océans. Car, elles absorbent deux fois plus de Co² qu’elles n’en émettent.

Des experts estiment qu’en aspirant des millions de tonnes de Co2, ces bassins forestiers jouent un rôle très capital dans la régulation du climat. A l’échelle mondiale, le Global Forest Watch estime que ces forêts absorbent une quantité nette de 7,6 milliards de tonnes de Co² par an.

Pourquoi un sommet au Gabon ?

Le Gabon, pays dont le territoire est recouvert à 88 % par la forêt équatoriale, l’un des deux principaux poumons verts de la planète, est un acteur non négligeable dans la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité. Le pays s’est engagé volontairement à protéger un tiers de ses espaces naturels, terrestres comme marins. Il a adopté en 2009, un modèle économique, alignant développement industriel et gestion durable de ses ressources naturelles. Comme le montre l’exploitation du bois, dont il est l’un des principaux producteurs mondiaux. L’organisation de ce One Forest Summit a même été conjointement annoncée en novembre dernier par les présidents français Emmanuel Macron et gabonais, Ali Bongo.

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Emmanuel Macron, qui a tenu un discours le 27 février sur son déplacement en Afrique et le nouveau partenariat qu’il propose en attendant l’amendement de ses partenaires africains, prend part à ce sommet. En marge de cette rencontre, il fera une tournée en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo.

Quels objectifs ?

Le One Forest Summit de Libreville n’est pas une autre conférence sur le climat. « Il est un sommet utile pour l’action, la mise en application à grande échelle de certaines décisions vitales pour l’avenir de notre planète », précisent les initiateurs.

Ce Sommet qui rassemble des chefs d’Etat, des ministres et des experts des trois continents, est l’occasion d’aborder les enjeux liés à la préservation des trois grands bassins forestiers, après l’accord de Montréal sur la protection de la biodiversité.

« On oppose parfois la protection des forêts au développement économique des pays forestiers, qui pour beaucoup d’entre eux sont soumis à une forte pression démographique. Le but du Sommet est de démontrer que les deux objectifs sont conciliables : gérer de manière durable une forêt permet à la fois de préserver les services écosystémiques rendus à l’humanité et d’augmenter sa valeur ajoutée économique pour les pays forestiers et les populations locales », peut-on lire sur le portail de l’évènement.

Concrètement, le One Forest Summit de Libreville n’a pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques. Les bases ont été déjà jetées à Glasgow en Ecosse, puis à Montréal au Canada lors de la COP 15. L’enjeu est de proposer aux pays forestiers, avec l’aide de nombreux scientifiques, chefs d’entreprises, investisseurs et ONG, une plateforme de solutions scientifiques et économiques pour les aider à concilier protection de leurs forêts et développement économique.

Pour ainsi dire, une entreprise qui souhaite contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique pourra investir dans des projets qui permettent d’augmenter les capacités de séquestration nette de la forêt, à travers par exemple des projets de restauration des terres ou de reforestation.

Enfin, certaines zones de la forêt sont encore intactes et représentent des réserves vitales de carbone ou de biodiversité (par exemple les mangroves), qu’il faut protéger dans le cadre de parcs ou de réserves de biosphère. Le sommet de Libreville permettra là aussi de lancer des mécanismes innovants pour financer ces zones protégées, à travers des partenariats de conservation positifs, suite à l’initiative lancée par la France et le Fonds pour l’environnement mondial en marge de la COP 27 à Charm el- Cheikh.

L’autre objectif de ce Sommet est de renforcer la coopération scientifique entre les trois grands bassins tropicaux du monde, notamment pour accroître l’expertise internationale sur les services rendus par les forêts. Seront explorés les liens entre biodiversité et santé, les pratiques traditionnelles qui permettent de protéger les espèces les plus endémiques, mais aussi de mieux cartographier ces espaces, dont les richesses restent mal connues.

La France et l’Europe

Depuis début 2023, à travers un Règlement, l’Union européenne interdit l’importation dans son espace, du bois en grumes et des produits issus de la déforestation massive. « L’objectif pour est la continuité de ce Règlement européen », nous dit-on au ministère français de la Transition écologique. « L’Europe ne doit plus contribuer à la déforestation. Elle en contribuait à hauteur de 16% ». L’Europe ou particulièrement la France compte accompagner les pays forestiers et les entreprises dans la mise en œuvre de ce règlement.

Le Règlement de l’Union européenne prévoit des sanctions économiques allant jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires des entreprises qui importent des produits issus de la déforestation massive. Au cours de ce sommet, des possibilités seront examinées pour l’accompagnement de ces entreprises.

Plusieurs fois, des rencontres et des recommandations allant dans le sens de préservation des forêts ont eu lieu, le défi reste la mise en œuvre de ces recommandations.

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