Centrafrique : ouverture ce 19 avril du premier procès organisé par la CPS©Droits réservés
Le procureur de la CPS, Toussaint Muntazini lors de sa prestation de serment en juin 2017

Centrafrique : ouverture ce 19 avril du premier procès organisé par la CPS

Sept ans après sa création, la Cour pénale spéciale (CPS) organise, ce mardi 19 avril 2022 à Bangui, son premier procès. Au rôle de cette audience, les meurtres de Lemouna et Koundjili dans l’Ouham-Pendé, où plus de 40 civils avaient été massacrés en mai 2019 par des rebelles de 3R. Trois présumés auteurs seront ainsi à la barre. Une satisfaction pour les associations des victimes. Cependant, ces dernières exigent l’arrestation des autres auteurs de crimes qui sont, pour le moment, en liberté.

Prévue du 19 au 21 avril 2022, cette première audience publique marquera à jamais l’histoire de la Cour pénale spéciale (CPS), cette cour hybride généralement critiquée pour sa lenteur. Le seul dossier inscrit au rôle est l’assassinat en mai 2019 de 46 civils, froidement abattus par des éléments du groupe armé 3R, dans les villages Lemouna et Koundjili dans la préfecture de l’Ouham-Pendé. Ainsi, les trois accusés, Issa Sallet Adoum alias Bozizé, Yaouba Ousmane et Mahamat Tahir sont soupçonnés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Aux chefs d’accusation de Issa Sallet Adoum s’ajoute aussi le viol.

« Ce procès constituera une mise en garde »

Pour la Cour pénale spéciale, ce procès est un signal fort envoyé aux auteurs de violations des droits de l’Homme.

« Le procès qui s’ouvre ce mardi, constitue une avancée significative pour la justice et la restauration de la paix en République centrafricaine. Il constituera une mise en garde pour tous ceux qui pensent qu’ils pourront violer, sans gêne, les droits humains et circuler librement sur le territoire national » a martelé Jean Bruno Malaka, porte-parole de la CPS.

Dénonçant plusieurs fois la lenteur dans le travail de la Cour pénale spéciale, l’ONG Human Right Watch se félicite de ce premier pas.

« Ce premier procès concerne les crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui auraient été commis en mai 2019 par 3 suspects membres du groupe rebelle 3R. Il y a aussi des allégations de viols contre l’un des accusés. Ces incidents sont importants car ils constituent les premières violations majeures de l’accord de paix de 2019 entre le gouvernement et les rebelles » s’est félicitée Esti Tambay, conseillère juridique principale à Human Right Watch.

Les associations des victimes se réjouissent de voir très bientôt certains de leurs bourreaux devant la barre. Cependant, elles souhaitent que les autres responsables de crimes, toujours en liberté, soient arrêtés et jugés.

« Tous les bourreaux, quel que soit leur degré, seront arrêtés »

« C’est ce qu’on attendait depuis des années. Si le premier procès est prévu pour ce mardi, ce sera une bonne chose pour nous, les victimes. Cela sous-entend que tous les bourreaux, quels que soient les conditions et leurs degrés, seront tous arrêtés » s’est réjouie Euphraise Nanette Annielle Yandocka, présidente de l’ANAF, une organisation des victimes.

Ce procès se tiendra en présence d’un public restreint en raison des mesures contre le Covid-19 mais sera retransmis en direct à l’Université de Bangui et sur certaines chaînes nationales dont la radio et la télévision nationales.

 

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