Centrafrique : ouverture du procès de Mahamat Saïd Abdel Kani à la CPI©CPI
Le siège de la Cour pénale internationale à La Haye aux Pays-Bas

Centrafrique : ouverture du procès de Mahamat Saïd Abdel Kani à la CPI

Huit mois après sa première comparution devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye aux Pays-Bas, le procès de Mahamat Saïd Abdel Kani s’est ouvert ce 26 septembre 2022. Accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’il aurait commis sur le territoire centrafricain en 2013, la première partie de l’audience a été marquée par la lecture des charges qui pèsent sur l’accusé.

L’un des anciens leaders de la Séléka, coalition rebelle qui a renversé le régime de François Bozizé, Mahamat Saïd Abdel Kani est poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’il aurait commis en 2013 en République centrafricaine. Il est depuis ce lundi 26 septembre 2022 devant les juges de la Cour pénale internationale. La première partie a été marquée par la lecture des charges qui pèsent sur l’accusé.

Un procès suivi en direct à Bangui

La première journée de l’audience a été suivie avec beaucoup d’attention par plus de 300 personnes dans la salle de l’audience de la Cour pénale spéciale à Bangui. Il s’agit notamment des représentants des victimes, des chefs religieux, des membres de la société civile et des médias.

Certaines victimes ont exprimé leur satisfaction de voir Mahamat Saïd Abdel Kani comparaître devant les juges de la justice internationale.

« J’ai été enfermé durant deux mois dans un container au CEDAD. J’ai été libéré le 8 novembre 2013 après avoir été transféré à la SRI. J’ai été arrêté et séquestré par M. Mahamat Saïd parce qu’il voulait saisir mes biens. C’était  le 25 septembre 2013. Dans le container où j’ai été enfermé, il y avait aussi deux autres détenus, tous des douaniers. On se servait de vieilles sandalettes abandonnées dans la cellule comme assiettes pour manger le riz qu’on nous servait. Pour nous abreuver, ils nous servaient de l’eau dans un arrosoir » a témoigné Guy, une des victimes qui a assisté au procès depuis la salle d’audience de la Cour pénale spéciale à Bangui. 

Pour les représentants des associations de victimes, il ne suffit pas seulement d’ouvrir un procès, mais de poursuivre tous les auteurs et co-auteurs de crimes en République Centrafricaine.

« Personnellement, je suis satisfait. Ce procès a été attendu depuis très longtemps. Dans sa prise de parole, le procureur a cité des auteurs et co-auteurs des crimes commis en République centrafricaine, et ces personnes se trouvent sur le territoire centrafricain. Pour moi, Mahamat Saïd n’était pas seul. Il y avait des responsables comme Noureddine Adam et Michel Djotodja. Ces personnalités doivent aussi être arrêtées et jugées. C’est ça notre attente », a martelé Landry Makokpala, président de l’Association pour la défense des intérêts des victimes. 

Agé de 52 ans, Mahamat Saïd Abdel Kani est le premier membre de l’ex Séléka à comparaître devant la Cour pénale internationale. Pour la première journée, l’accusation a, dans ses propos liminaires, estimé que le caractère général, systématique et planifié des infractions est constitué.

Les avocats de la partie civile ont, quant à eux, précisé que le sort des victimes était décidé par l’accusé. Et qu’il avait une parfaite connaissance des crimes commis précisément à l’OCRB centrale, au centre de détention de CEDAD et au quartier Boy- Rabe, en guise de représailles contre le clan de l’ancien président François Bozizé. Les audiences vont se poursuivre ce mardi avec les propos liminaires de la défense de l’accusé.

Pour rappel, Mahamat Saïd Abdel Kani a été arrêté le 24 janvier 2021 à Bria avant d’être transféré à la Cour pénale internationale à la Haye aux Pays-Bas. Sa première comparution devant les juges fut les 28 et 29 janvier 2021 et celle de la confirmation des charges, le 9 décembre de la même année. Il est le 4ème chef d’un groupe armé centrafricain arrêté par la Cour pénale internationale en lien avec la crise sécuritaire qui a éclaté dans le pays en 2013. Il rejoint ainsi plusieurs autres chefs de guerre dont Alfred Yekatom Rombhot, détenu depuis novembre 2018 et Patrice Edouard Ngaïssona transféré à la Haye en janvier 2019.

 

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