Centrafrique : les commerçants de bétails entre le marteau et l’enclume©Droits réservés
Des éleveurs avec leur troupeau de bœufs dans le Nord de la République centrafricaine

Centrafrique : les commerçants de bétails entre le marteau et l’enclume

Les commerçants de bétails de Centrafrique dénoncent les agressions, tueries, extorsions, emprisonnements abusifs et autres maltraitances dont ils font l’objet ces derniers temps. Des exactions qui, selon eux, se produisent dans la région de Damara, de Bangui et du village Boubouï à 45 Km de la capitale sur l’axe Boali.

Ces commerçants de bétails, réunis en 7 associations, s’indignent d’abord des multiples attaques à mains armées et des tueries dont ils sont victimes, surtout, dans la contrée de Damara. Ceci malgré les 50.000 FCFA payés par troupeau aux équipes d’auto-défense pour la sécurisation du convoi vers Bangui. Soule-Bi Bouba Ali, Secrétaire général du Kawtal-Filobé, l’association des commerçants de bétails, présente les derniers cas.

« Nous sommes attaqués presque tous les jours dans la région de Damara. Certains d’entre nous sont tués. C’est aujourd’hui à Damara que tous les problèmes se passent avec les éleveurs et commerçants de bétails.  Au niveau de la rivière Binima et de la localité de Bouboui, les gens nous donnent de fausses informations et après nous sommes attaqués », témoigne-t-il.

Victimes de rackets

Ces éleveurs et convoyeurs déplorent également les grosses sommes d’argent que les autorités de la gendarmerie de PK12 leur imposent souvent. Ils n’admettent pas qu’on les confonde avec les rebelles de Ali Darassa pour trouver un motif de les arrêter injustement à la brigade de PK 12 et à la Section de Recherches et d’Investigations (SRI).

« Des commerçants qui revenaient du marché à bétails ont été arrêtés par le commandant de brigade. Après quelques minutes d’interrogation, ils ont été envoyés à la SRI mais bien avant, ils ont remis au commandant une somme de 460 000 francs CFA », dit-il.

A la SRI, quelques sources officielles confirment que 7 éleveurs dont une femme, sont encore en détention pour nécessité d’enquête. Ils avaient été transférés par la brigade de PK 12.

A la brigade de PK 12, les responsables ne se sont pas prononcés sur l’accusation des 460.000 Francs qu’ils auraient perçus. Hors micro, ils indiquent plutôt que la situation sécuritaire volatile en Centrafrique exige au gouvernement des contrôles rigoureux dans les mouvements des commerçants à bétails.

Les commerçants de bétails haussent le ton

Face à ces difficultés, les commerçants de bétails menacent de cesser d’approvisionner les marchés de Bangui en bœufs si les autorités centrafricaines ne trouvent pas de solution à leurs problèmes.

En réponse, le ministre de l’élevage les a reçus début octobre. Selon ces commerçants, il leur a été imposé de signer un engagement de ne pas cesser les activités quel que soit le problème. Proposition qu’ils auraient rejetée. Par ailleurs, certains cadres du ministère de l’élevage estiment qu’il est anormal que les commerçants de bétails coopèrent avec des équipes d’auto-défense pour leur sécurisation.

Si rien n’est fait dans l’urgence, Bangui risquerait de connaître une pénurie de viande de bœuf.

 

Lire aussi :

Centrafrique : les éleveurs demandent la sécurisation de leurs zones d’activité