Centrafrique : le Haut-Mbomou face à d’énormes défis de développement©RNL/Gildas Nabeza
Une vue partielle de ville de Obo

Centrafrique : le Haut-Mbomou face à d’énormes défis de développement

Le Haut-Mbomou à l’Est de la République centrafricaine manque d’infrastructures sociales de base. L’autorité de l’Etat se résume à la présence des autorités politiques et administratives. En revanche, l’insécurité et l’état des routes entraînent une hausse insoutenable des prix de produits de première nécessité. Les défis sont immenses mais la réponse du gouvernement est de moins en moins visible.

Le Haut Mbomou et ses sous-préfectures de Bambouti, Djema, Rafaï, Zemio, et Obo manquent de tout. Les routes font leurs adieux de plus en plus, la région n’est toujours pas guérie des conséquences fâcheuses de la LRA et des groupes de l’UPC et Antibalaka. La population se dit abandonnée par le pouvoir central. Une réalité mais pas une fatalité selon le préfet, Judes Ngayoko qui demeure optimiste pour un sursaut de l’Etat dans la région.

L’Etat est présent à travers ses représentants

« Je ne dirai pas que la région est isolée parce que le représentant du gouvernement qui est là, c’est-à-dire le préfet, les honorables députés élus par les électeurs et autres. Donc c’est une partie de la République et je ne dirai pas que c’est une partie à part », indique le préfet.

Mais cette réponse ne suffit pas pour le député d’Obo 1, Ernest Mizedjo, qui oppose au gouvernement la réalité socio-économique qui justifie son isolement.

« Le Haut-Mbomou est isolé tout simplement parce qu’il n’y a pas de routes. Il vous faut un mois avec un véhicule tout terrain pour arriver à Obo. Parce que les routes sont impraticables. Les routes sont dans un état de délabrement total et personne ne l’ignore. Le gouvernement le sait et les premiers ministres qui se sont succédé ont été informés sur cet état de chose », relève l’élu de la Nation.

Des ménages face à la cherté de la vie

Dans les ménages, c’est la galère. Le prix des denrées alimentaires flambe selon Monique Nana, présidente de l’Organisation des Femmes de Centrafrique (OFCA).

« Le savon qu’on achète à Bangui à 150 coûte ici 500 francs. On vend une boîte de tomates à 300 francs. Lorsque tu as trois, quatre ou cinq enfants, qu’est-ce que tu peux faire pour eux ? Moi par exemple, j’ai quitté Obo en empruntant la route, j’ai fait un mois et 20 jours pour arriver à Bangui. Ceci en versant beaucoup de taxes aux rebelles et aux agents de l’Etat sur la route », témoigne-t-elle.

L’école à l’abandon

Les taxes illégales sur les barrières et le coût de la vie ne stimulent pas les agents de l’Etat à s’installer. Par exemple, toutes les écoles primaires et secondaires sont tenues par des maîtres parents malgré la suspension par le gouvernement des activités des enseignants vacataires.

« A Obo, sur les 9 établissements scolaires, il y a 49 enseignants maîtres-parents. Il n’y a aucun titulaire parmi eux. La préfecture va se développer comment ? Est-ce que demain il y aura des élites, il y aura des gens qui vont nous représenter d’ici 5 ans, 10 ans ? Je ne pense pas ! », s’inquiète Stanislas Sambodia, président de l’association service sans frontière.

La préfecture du Haut-Mbomou est l’une des régions de la République isolée du fait de son éloignement de la capitale Bangui et d’absence de voies routières praticables. Les crises militaro-politiques récurrentes qui l’ont affectées ont accentué la déliquescence de ses infrastructures sociales de base.

 

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