Regain de tension mardi nuit à Bangui

Des tirs nourris à l’arme lourde et automatique, accompagnés d’explosions de grenades ont, une fois de plus, retenti pendant une bonne partie de la nuit du 27 au 28 mai dans les 3e, 5e et 6e arrondissements de Bangui. On ignore encore l’origine de ces tirs et aucun bilan n’est disponible pour l’instant.

Mais déjà, Antibalaka et habitants du Km5 se rejettent mutuellement la responsabilité. Les uns accusent les autres d’être à l’origine des violences. Une situation déplorée d’une manière générale par la population environnante.

« C’est une triste réalité que nous vivons dans la mesure où les Centrafricains n’ont jamais vécu de cette manière. Nous vivons un moment très dur. Il y a sans cesse des tirs. Les gens ont été tués depuis longtemps. Certains ont quitté le quartier pour se refugier ailleurs », a confié à RNL un habitant.

Les habitants demandent par ailleurs aux autorités du pays et aux forces internationales présentes en Centrafrique de tout mettre en œuvre pour rétablir la paix et la sécurité dans leurs secteurs.

« On est fatigué, on n’en parle tous les jours, mais rien ne change malgré la présence de la Misca et de Sangaris. Nous souhaitons que cela cesse », a ajouté un autre habitant.

Depuis dimanche, l’insécurité s’est aggravée après l’assassinat de 3 personnes habitant le Km5.

Les tueries de dimanche dernier suscitent déjà des réactions. La première en date est celle du collectif 236-Km5 qui condamne avec fermeté ces violences.

Lazare Ndjader, président du collectif 236-Km5, pense qu’il est trop tôt pour mobiliser des éléments d’autodéfense et de leur parler du désarmement. C’est selon lui un processus non encore officiellement lancé. Il estime que c’est l’amateurisme qui a débouché à ces tueries qu’il condamne. « Au nom du collectif, nous condamnons fermement ce qui s’est passé depuis dimanche et qui a occasionné la mort de trois musulmans. Il y a eu trop de morts et il faut qu’on arrête. Et pour arrêter, il faut arrêter avec l’amateurisme ».

Le collectif 236-Km5 a entrepris des activités de conscientisation de la population dans les 3e et 5e arrondissements de Bangui sans incident comme le confirme le président. « Nous avons travaillé pendant trois mois, on n’a jamais entendu, lors de nos réunions, qu’un musulman ou un non musulman ait été tué ».

Lazare Ndjader s’est beaucoup interrogé sur les attributions de ce groupe d’autodéfense institué au quartier Ramandji dans le 3e arrondissement et qui, d’après lui, a été à l’origine des tueries.

« D’où est parti cette histoire de groupe d’autodéfense du quartier Ramandji qui se lance dans le désarmement ? Le DDR (désarmement-démobilisation-réinsertion) n’a pas encore officiellement commencé », a-t-il précisé.

Le DDR est un processus sous la conduite d’un Ministère de tutelle. Et selon Lazare Ndjader, les associations et groupements n’ont pas qualité de parler de DDR. Le groupe d’autodéfense est simplement chargé de la sécurisation du quartier et non du désarmement. Les opérations de patrouille et de désarmement organisées par ce groupe d’autodéfense ont abouti à ce que regrette le collectif 236-Km5.

La délégation de l’ONU femmes estime que «Les médias centrafricains doivent travailler en tout professionnalisme pour ne pas inciter la nation  à la haine et au tribalisme ».  La déclaration a été  faite lors d’une mission de trois jours effectuée du 24 au 26 mai dernier à Bangui. Selon Binta Diop, envoyée spéciale de l’Union africaine, membre de la délégation, les médias ne sont pas appelés à jouer le même rôle de ‘‘Radio Mille Collines’’ au Rwanda. Pour elle, il faut donner l’information avec neutralité, équilibre et clarté.