Centrafrique : le BRDC pose encore ses conditions pour participer aux prochaines élections
Aperçu d'un bureau de vote de Bangui lors des élections groupées du 27 décembre 2020. Photo : RNL.

Centrafrique : le BRDC pose encore ses conditions pour participer aux prochaines élections

À l’approche des élections, le Bloc républicain pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016 (BRDC) réclame un dialogue avec le président Touadéra. Cette plateforme de l’opposition prévient qu’elle ne participera à aucun scrutin sans réformes et met en garde contre un vide constitutionnel.

À quelques mois des échéances électorales prévues avant la fin de l’année en République centrafricaine, le BRDC a appelé à la tenue d’un dialogue politique avec le président Faustin-Archange Touadéra. Pour cette plateforme, ce dialogue constitue un préalable incontournable à toute perspective électorale, dans un contexte marqué par des retards et une crise de confiance autour de l’Autorité nationale des élections (ANE).

Des retards jugés critiques dans les préparatifs électoraux

Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 4 juillet 2025 à Bangui, le BRDC a dressé un tableau préoccupant de l’état d’avancement du processus électoral. « Nous en sommes aujourd’hui à plus de cinq changements successifs du calendrier électoral, et le dernier en date prévoyant les élections locales le 31 aout 2025, n’est plus d’actualité », a critiqué Martin Ziguélé, porte-parole du BRDC.

Cette plateforme de l’opposition démocratique a aussi dénoncé le retard dans la publication des listes électorales provisoires : « Les listes électorales, dont les opérations de lancement ont commencé en septembre 2024 ne sont pas encore disponibles à ce jour même à titre provisoire, malgré plus de 6 milliards de francs CFA injectés pour leur établissement », dit-il.

Les membres du BRDC s’inquiètent aussi de l’absence de données provenant de 717 centres de recensement, non intégrées dans les systèmes de l’Autorité nationale des élections (ANE). Pour eux, ces lacunes techniques et logistiques compromettent la qualité, la fiabilité et l’intégrité du fichier électoral, rendant la tenue d’élections crédibles impossible dans les délais constitutionnels.

Refonte de l’ANE et du Conseil constitutionnel

Le BRDC met en cause « l’incapacité » de l’Autorité nationale des élections à organiser des scrutins « démocratiques, transparents et acceptables », et appelle à une réforme profonde de l’institution devenue, selon lui, « structurellement défaillante ».

Le collectif plaide également pour une réforme du Conseil constitutionnel, qu’il accuse de fonctionner sous l’influence du pouvoir exécutif. Le BRDC considère que les institutions en charge du processus électoral sont, dans leur état actuel, inféodées au régime en place, et incapables d’assurer un scrutin démocratique, transparent et accepté de tous. « Face à un constat d’échec désormais partagé, faisant état de l’impossibilité de la tenue des élections en décembre prochain, le BRDC réitère ses exigences suivantes : la profonde réforme de l’ANE en tirant toutes leçons des dysfonctionnements constatés et la réforme du Conseil constitutionnel ».

Le BRDC affirme que ses inquiétudes sont partagées par des partenaires internationaux. Il cite notamment l’expert indépendant des Nations Unies, Yao Agbetse, ainsi que les États-Unis, qui lors d’un briefing du Conseil de sécurité de l’ONU le 30 juin dernier, ont appelé à un dialogue politique inclusif en Centrafrique et exprimé des doutes sur la capacité de l’ANE à organiser les élections.

Un dialogue politique avec le président Touadéra comme condition

Dans ce climat de méfiance et de tensions, le BRDC annonce qu’il ne participera à aucun scrutin sans la tenue d’un dialogue politique avec le président Touadéra. Le collectif estime que ce dialogue est la seule voie de sortie de crise, susceptible de permettre des ajustements consensuels du chronogramme électoral et d’éviter le vide constitutionnel. « Ce dialogue doit permettre de trouver des solutions aux blocages actuels et de restaurer les fondements de la démocratie en Centrafrique », a martelé Martin Ziguélé. Selon lui, il est déjà clair que les élections générales ne pourront pas se tenir dans les délais, et toute tentative de les maintenir sans réforme mènerait à une crise institutionnelle.

Le gouvernement doit démissionner

En ouverture de leur déclaration, les responsables du BRDC ont observé une minute de silence en mémoire des élèves morts lors du drame du lycée Barthélémy Boganda, survenu le mercredi 25 juin 2025 à Bangui. Sans attendre les conclusions d’une enquête, le collectif tient le gouvernement pour responsable de ce qu’il qualifie de « cynisme criminel » et exige sa démission immédiate.

Le BRDC dénonce également les violences et arrestations contre des leaders de la société civile dans les jours qui ont suivi ce drame. Pour eux, ces actes sont révélateurs d’une dérive autoritaire du régime en place.

-Lire aussi: Centrafrique : un expert de l’ONU doute sur la capacité de l’ANE à tenir les élections dans le délai