Centrafrique : 20 ans après le putsch du 15 mars 2003, les victimes entre justice et désespoir©Droits réservés
François Bozizé, ancien chef de l'Etat centrafricain

Centrafrique : 20 ans après le putsch du 15 mars 2003, les victimes entre justice et désespoir

Il y a exactement 20 ans, la première rébellion portée par François Bozizé prenait le pouvoir de l’Etat par la force. Même si la Cour pénale spéciale (CPS) a compétence de juger les crimes qui remontent à cette date, les attentes des victimes demeurent immenses. Depuis lors, le pays ne parvient pas à sortir du cycle des violences du fait de la recrudescence des mouvements armés.

Le 15 mars 2003, le mouvement des « Libérateurs », dirigé par François Bozizé depuis le Nord avec l’appui du Tchad, s’empare du pouvoir. Alors que le président d’alors, Ange-Félix Patassé, se trouvait à l’extérieur du pays, les insurgés empêchent son avion d’atterrir à l’aéroport Bangui-Mpoko. Cette prise de pouvoir vient mettre un terme au processus de négociations porté par le médiateur national, monseigneur Paulin Pomodimo et les chefs d’Etat de la sous-région d’Afrique centrale (CEMAC).

Soutien de la classe politique

L’armée, appuyée par les miliciens Banyamulenge de Jean-Pierre Bemba, est disloquée. La junte militaire au pouvoir sera, très vite, soutenue par une classe politique réunie au sein du Cadre des partis politiques de l’opposition et son chef de file Abel Goumba, nommé Premier ministre. Plusieurs figures politiques notamment, Jean-Paul Ngoupandé, Abdou Karim Meckassoua et Charles Massi entrent au gouvernement de la transition.

Les élections de sortie de la transition en 2005 ainsi que la réélection de François Bozizé en 2011 n’apportent pas la solution aux problèmes de sécurité et de gouvernance qui minaient le pays. Conséquences, les rébellions fleurissent.

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L’UFDR a d’abord investi le Nord avant d’être frappée en 2005 par le commando d’opération spécial de l’armée française, l’APRD au Nord-ouest, la CPJP de Charles Massi au Nord, contraignant François Bozizé à organiser des foras tels que le dialogue politique inclusif en 2008 sans oublier les accords qu’il a signés avec les insurgés. L’on peut citer ceux de Birao, de Tripoli et de Libreville, lors de l’avancée fulgurante de la Séléka fin 2012 début 2013.

Les victimes restent sur leur soif

Dix ans après le coup d’Etat du 15 mars 2003, François Bozizé est reversé, lui aussi, par la Séléka, une autre coalition rebelle constituée de plusieurs groupes armés.

Aujourd’hui, seul Jean Pierre Bemba a comparu devant la Cour pénale internationale de La Haye pour les crimes commis entre 2002 et 2003 par ses hommes en République centrafricaine. Ce dernier étant acquitté par la CPI, les victimes restent sur leur soif d’avoir accès à la justice.

Depuis le 15 mars 2003, la République centrafricaine est entrée dans un cycle de violences entretenues par des groupes armés. Vingt ans après, les défis sécuritaires sont encore énormes, malgré le déploiement dans le pays de plus de 14.000 casques de l’ONU ainsi que des soldats russes et rwandais, alliés des Forces armées centrafricaines. 

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