Centrafrique : la transhumance transfrontalière apporte son lot de tension dans la Vakaga©Droits réservés
Un éleveur de bétails convoyant son troupeau au pâturage au Sud du Tchad

Centrafrique : la transhumance transfrontalière apporte son lot de tension dans la Vakaga

La transhumance transfrontalière, déjà effective dans la Vakaga, laisse des conséquences néfastes sur la population locale. Les transhumants, pour la plupart armés, commettent régulièrement des exactions sur les habitants le long de leur caravane. Les agriculteurs de la région, eux, dénoncent la destruction de leurs champs par ces bergers.

D’après des sources locales, ces transhumants, en quête de pâturage pour leurs bétails, viennent des deux Soudan. Leur passage crée non seulement des conflits entre agriculteurs et éleveurs, mais est aussi source d’insécurité dans la région de la Vakaga.

« Ils ont fait irruption chez moi »

« Alors que je dormais peu avant minuit, deux éleveurs ont fait irruption chez moi. L’un a tenté de me fusiller, heureusement ça n’a pas marché. Mais, il a réussi à me poignarder. Par la suite, les deux se sont rués sur moi, me frappant avec des bouts de bois », a témoigné Abdou-Salam Ibrahim, une victime.

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La transhumance est source de criminalité dans la Vakaga. Les habitants craignent l’usage d’armes de guerre par certains transhumants qui continuent de semer la désolation au sein de la population.

« L’un d’eux a demandé qu’on l’abatte »

« Mon frère revenait du village Mizabio lorsqu’il s’est retrouvé nez à nez avec des hommes armés. Ces derniers, après l’avoir interrogé, lui ont demandé de décliner son identité. Après l’avoir fait, l’un d’eux a demandé qu’on l’abatte. C’est ainsi qu’ils lui ont tiré dessus. Blessé, il a été transporté à Birao pour des soins », a raconté Mahamat Yaya, frère d’une victime.

Avec cette situation qui perdure, la Fédération nationale des éleveurs (FNEC) se dit dépassée. Ainsi, pour prévenir de probables incidents, un comité de vigilance a été mis en place à Birao. D’où l’appel à une poursuite justice contre tout éleveur réfractaire.

« Lorsque tu donnes des conseils à quelqu’un et qu’il ne l’écoute pas, il faut appliquer la loi. C’est pourquoi, les agriculteurs dont les champs sont détruits par les bœufs doivent informer la gendarmerie ou la police. Je suis prêt à témoigner », a martelé Issa Abdoulaye, président dudit comité.

Dans le but d’apaiser la tension dans la région, les autorités locales espèrent réunir d’urgence toutes les parties au conflit. En attendant, agriculteurs et éleveurs se regardent en chiens de faïence.

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